On regroupe ici cinq théories indispensables pour étudier n'importe quelle épopée. Le genre de l'épopée étant tout de même assez ancien, il reste difficile même pour des élèves en université. Ainsi, nous proposons ici un résumé des théories reconnues et complexes, celle d'Hugo dans la préface de Cromwell, celle d'Hegel, celle de Jolles, celle de Bakhtine et celle de Staiger.
[...] Selon lui, à l'origine de l'épique peuvent exister deux Formes simples possibles : la Légende (Legende), ou la Geste (Sage). La légende (chrétienne) se laisse voir dans les Acta Martyrum ou les Acta Sanctorum, les Legenda Sanctorum ou la Legenda aurea (Légende dorée) de Jacques de Voragine, catalogue de vies légendaires de saints écrit au milieu du XIIIe siècle ; on peut encore consulter les Acta Sanctorum ou Grands Bollandistes (répertoires des vies de saints, encore ouvert et complété de nos jours). [...]
[...] La Forme simple de la Geste donne, pour Forme savante possible, l'épopée. Jolles résume bien la question de l'appartenance d'un poème oral, ou d'une épopée, à l'une ou l'autre des deux Formes - épopée des grandes invasions, d'une part, épopée des croisades, d'autre part : deux Formes savantes qui se valent mais s'enracinent dans deux dispositions différentes (72). Si on applique cette remarque jusqu'au bout, cela permet de relire différemment un genre auquel sur lequel on s'était moins penché, celui des chansons de geste des croisades, ou des épopées des croisades (la Jérusalem délivrée, par exemple), formes non pas marginales mais essentielles dans ce qui fait la compréhension de l'épique Epopée et roman selon Bakhtine Bakhtine, critique russe qui écrit dans les années 1940, héritier à la fois des formalistes russes et de la théorie littéraire allemande du siècle précédent, dresse une théorie du récit épique qui a bénéficié d'une notoriété presque aussi grande que celle de Hegel. [...]
[...] La société est dirigée par des chefs indépendants, mus par leur seule volonté. On le lit dans les poèmes d'Homère, les poésies d'Ossian, le Cid, chez l'Arioste, le Tasse Si jusque là, on pouvait avoir l'impression d'une triade romantique à la Hugo, bien que régulièrement reprise et synthétisée sous une forme abstraite, Hegel trouve sa voie en distinguant dans l'épopée deux concepts essentiels : le fait qu'elle révèle l'esprit d'un peuple Hegel reprend là une idée présente dans tout le romantisme allemand depuis Herder - , et son caractère national. [...]
[...] Le destin est dans l'épopée cette puissance des circonstances qui imprime à l'action sa marche particulière, qui donne à l'homme son sort, qui détermine l'issue des ses actions. La poésie épique représente l'existence générale dans sa nécessité. Dès lors, il ne reste plus à l'homme qu'à suivre cet ordre fatal et nécessaire, d'être ou de n'être pas en harmonie avec lui, et alors de subir son sort comme il peut et comme il doit Là encore, on a souvent voulu voir là une vérité générale pour l'épopée. [...]
[...] Bref l'épique reste tout à la fois supprimé et conservé aufgehoben dans toute poésie, à titre de fondement indispensable. Même le poète lyrique ne peut trouver ses mots que parce qu'ils furent prononcés par le poète épique. A bien plus forte raison toute œuvre dramatique se bâtit-elle sur le fond solide de l'épique Bibliographie Bakhtine, Mikhaïl, Récit épique et roman (méthodologie de l'analyse du roman) (1941), dans Esthétique et théorie du roman, trad. du russe, Gallimard 439-473. Hegel, Esthétique, choix de textes par Claude Khodoss. [...]
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