Le poète menace le dictateur : « il faudra bien qu'un jour... », le verbe falloir sonne comme une chose qui arrivera nécessairement. La répétition « afin qu'un jour » accentue la prophétisation. Videla n'est qu'un homme sanguinaire le mot « sang » est récurrent en fin de vers. Il est associé au passé composé « a taché » puis à la tournure hyperbolique « routes éclaboussées ». Le style emphatique ajoute de la solennité à cette déclaration de guerre à l'injustice (...)
[...] Je le nomme afin qu'un jour, quand le temps aura effacé l'ignominie, quand ma patrie aura lavé son visage éclairé par le blé et la neige, plus tard, quand ceux d'ici chercheront l'héritage que je laisse entre ces lignes telle une braise verte, ils trouveront aussi le nom du traître qui brandit la coupe d'agonie qu'un peuple repoussa. Mon peuple, mon pays, dresse enfin ton destin ! Démolis la prison, ouvre les murs qui t'incarcèrent ! Ecrase le pas tortueux du rat qui commande en son palais : lève tes lances vers l'aurore, et au plus haut laisse ton étoile irritée briller, illuminant les chemins d'Amérique. [...]
[...] Après avoir été nommé Gonzales Videla le traître est nommé plus précisément encore : Gabriel Gonzales Videla le nom du traître envers son pays. La mention de son nom entier est faite en italique. Le contre-rejet : je le nomme met l'accent sur la volonté du poète de dire la souffrance, pour sortir du silence. Tout cela justifie le titre Le Sable trahi Videla est un homme qui a vendu sa terre car il a vendu le minerai- riche aux monopoles étrangers pour un revenu, et n'a fait rien pour améliorer les conditions économiques des ouvriers. [...]
[...] Par ailleurs, l'inscription de la date 1948 dans le titre du poème et plus encore le tour violement polémique du premier vers qui relate l'histoire du Chili avec l'arrivée des Occidentaux prouve que Le Chant général relève bien de la dénonciation permanente de la violence pratiquée par les forts sur les faibles. - Le tyran apparaît comme répugnant queue grignoteuse il a infecté la patrie. La phrase courte est judicieusement placée seule mais encadrée par le mon frère du vers précédent et le ma patrie du vers suivant. La métaphore filée du rat qui grimpe et dégringole contribue à donner une impression de dégoût au lecteur : rat pelade rongeant ou queue et ordures que le passant devra éviter. Les verbes ronger et grignoter par leur sens tactile hérissent le lecteur. [...]
[...] Verbe dégringoler = opposition entre chute épique et chute dans en un tas d'ordures Videla fait partie d'une généalogie de bourreaux. La périphrase les monstres mise pour les dictateurs accentue la dimension effrayante. De plus le rythme binaire ont avili/n'ont pas été avilis renforce le fait que les bourreaux aient fait souffrir mais n'aient pas été punis. Le connecteur temporel aujourd'hui mis en relief, montre que cette génération de tyrans touche à sa fin. Le je qui écrit et ce qu'il s'apprête à écrire je laisse entre ses lignes permet de voir dans le Chant général le récit engagé et militant de la chronique historique du peuple chilien face à la dictature. [...]
[...] La respiration puissante du poème - Le langage mystique et la mélodie issus du verset se rapprochent du domaine de l'invocation. Les blancs entre les parties définissent un sens particulier, ainsi qu'un souffle et un rythme au texte. - La brièveté de certains paragraphes donne au texte une rapidité de rythme et un dynamisme, destinés à produire sur le lecteur une impression de fermeté et de clarté : la vilenie préside en mon pays.» De même la longueur métrique inégale met en exergue tout a été trahi par lui La répétition en tête de phrase et de paragraphe du terme-clé ils ont été produit simultanément un effet de sens et de rythme énergique et décidé. [...]
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