Dans cette œuvre, destinée à représenter l'agitation de l'esprit dans le mal, j'ai essayé d'éclairer de manière brutale, je l'avoue, la condition humaine, afin que l'on se force à voir ce à quoi on ne prête guère attention d'habitude. De ce fait, j'ai peint des créatures obscures et durcit la réalité. Mon intention n'était pas de réduire la vie de l'homme à sa plus désespérante et vulgaire caricature. J'ai voulu rejeter cette abominable hypocrisie qui soutient que les hommes sont nés bons et qu'ils vivent heureux, car le Bien et le Mal ont toujours coexisté, l'un ne peut pas exister sans l'autre. L'Enfer et le Ciel se sont toujours côtoyés, tout comme la violence et la sensualité. De même, la laideur a toujours côtoyé la beauté, comme je l'ai évoqué dans les « Petites Vieilles », quand j'ai montré que la vieillesse n'exclut pas la beauté, contrairement à ce qu'on croit. De plus, comme je l'ai dit une fois, « Le beau est toujours bizarre […] il contient toujours un peu de bizarrerie […] non voulue, inconsciente, et […] c'est cette bizarrerie qui le fait être particulièrement beau ». Même le titre de mon recueil le soutient, avec l'union de deux thèmes antithétiques : les Fleurs, symbole de pureté et de beauté, et le Mal, s'associant à la notion de pêché.
[...] En effet, celle-ci a la capacité indéniable de rendre éternels l'être et ses sentiments. Ce don, nous le retrouvons également dans un autre de mes textes, À une passante où j'ai décrit un coup de foudre et une première rencontre entre un homme et une femme, qui sera aussi, malheureusement, la dernière. Cependant, même si ce couple ne pourra pas s'établir dans un tel contexte, la poésie aura la possibilité de les réunir dans l'éternité, lieu où leur couple se créera. [...]
[...] Si la représentation surpasse la vie, celle-ci se substitue au présent. La représentation ne renvoie alors qu'à elle-même et a permis de transformer la réalité en un système de signes. La mode me permet d'affirmer le double caractère de la création artistique, une activité autant signifiante qu'illusionniste. [...]
[...] Les légendes rendent la vie compréhensible. Dans Le Spleen de Paris mon ambition était de montrer un nouveau héros, se détachant des héros antiques traditionnels, et accrochant sa pensée [ ] à chaque accident de la flânerie et tirant de chaque objet une morale désagréable Cependant, je voulais que ce dernier soit sans harpe et sans lyre, car la mythologie ancienne n'est pas adaptée au monde moderne. La poésie n'est plus un moyen, elle devient elle-même son but. J'ai donc remplacé la mythologie traditionnelle par de nouvelles images. [...]
[...] Le héros moderne est principalement reconnaissable à son habit, noir, qui n'est pas moins symbolique que l'habit coloré, car, comme je l'ai dit, N'est-il pas l'habit nécessaire de notre époque, souffrante et portant jusque sur les épaules noires et maigres le symbole d'un deuil perpétuel ? Remarquez bien que l'habit noir et la redingote ont non seulement leur beauté politique [ mais encore leur beauté poétique, qui est l'expression de l'âme publique ; une immense défilade de croque-morts [ Nous célébrons tous quelque enterrement Comment définiriez-vous la beauté ? En effet, la beauté est toujours composée de deux éléments. Il y a l'éternel et le transitoire, l'absolu et le particulier. [...]
[...] Le Mal règne et se cache sous bien des formes, que ce soit la déchéance physique ou morale, les sentiments de révolte, de corruption ou encore les amours interdites. En donnant quelques fois une allure satanique à mes textes, j'ai montré que la condition humaine, même si elle peut être à visiter comme un Enfer, le lieu de la fatalité et du mal, et que l'existence et la création peuvent y être perçues comme un drame, une sombre histoire de souffrances, est cependant traversée par quelques lueurs, que ce soit l'amour ou d'autres sentiments. [...]
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