Article sur le thème de l'enfermement chez Claude Seignolle. Quel rôle joue l'enfermement dans son oeuvre ? Pourquoi s'impose-t-il dans ses récits ? De l'autobiographie à la fiction : un thème récurrent.
[...] Le danger se fait bien réel, alors que ce n'était pas le cas des années auparavant. En transposant cette réalité enfantine dans l'une de ses nouvelles, Seignolle donne consistance à ses terreurs les plus primitives : la peur d'être enterré vivant qui l'assaillit la première fois lorsqu'il suivit son père sur le chemin des oubliettes. Cyprien vit les craintes enfantines de l'auteur, celles qui, croissant sur le terreau de ses souvenirs, finirent par devenir de véritables petites perles de l'horreur et qui lui firent écrire en préambule à son récit : méfiez-vous, ces intestins de pierres, boyaux creusés vers on ne sait où, longs d'on ne peut dire combien, remplis d'on ne peut deviner quoi, mais où tout peut se trouver, sont des plus sournois et aident parfois la malchance ou la fatalité à faire de vous un nouveau mystère La perspective fantastique établie dans cette mise en garde permet à cette peur, née de l'inconnu, de la menace qui s'y dissimule, de l'imagination qui l'y dépose, de croître au fur et à mesure de l'avancée du récit. [...]
[...] La petite Minnah pourrait sans doute en témoigner, et d'autres avec elle. Toutes ces incursions littéraires se glissent d'ailleurs dans les pas des mythes d'Orphée ou d'Hercule, dont les descentes aux enfers sont toujours ancrées dans l'imaginaire populaire. Ce sont ces mêmes résurgences que l'on peut trouver chez Jules Verne : Voyage au centre de la Terre ou Les Indes noires. Chez Seignolle, la nouvelle L'oubliette nous présente un périple moins long, mais définitif. Seignolle poursuit dans le même texte cité ci-dessus : Le pays infernal communique avec celui des vivants par des gouffres, failles ou excavations réputés insondables, d'où sortent des bruits inquiétants et parfois d'étranges fumées.[11] Preuve s'il en est que les mythes ont la vie dure. [...]
[...] Deux entrées infernales aux deux extrémités de l'Europe. Et d'autres, à peine refermées en Auvergne. Autant d'évocations à saisir pour le conteur Seignolle qui n'en avait pas besoin d'autant pour retranscrire nos frayeurs ancestrales dans ses contes. Pour conclure sur ce thème, ô combien vaste qui demanderait une plus ample étude, on peut retenir deux grandes évocations de l'enfermement dans l'œuvre seignollienne : une première issue des contes et traditions populaires qu'il a su parfaitement immortaliser dans ses contes ruraux et une autre, plus métaphorique, tirée de son expérience personnelle, qui transparaît dans ses récits autobiographiques et ses nouvelles urbaines. [...]
[...] Ce thème lié au Diable est omniprésent dans l'œuvre de Seignolle, nombre de critiques l'ont d'ailleurs abordé. Selon l'avis populaire, l'enfer se trouve dans la terre à une grande profondeur. Son étendue déjà vaste s'agrandira encore, à mesure de la croissance de population jusqu'au jour où la fournaise consumera la planète entière et les bons paieront pour les mauvais. Ainsi les Bretons du XVIIIe siècle le situaient à 1250 pieds de la surface de la terre ; mais depuis, il s'est rapproché de nous au point qu'un curieux qui voulait vérifier s'il était vrai que l'enfer frôlait le fond du lac du Bouchet en Auvergne, y jeta un seau attaché à une très longue corde et le remonta du milieu d'une forte vapeur, chauffé à blanc.[10] Si l'enfer s'est rapproché de nous, il est indéniable qu'il a déjà affleuré à la surface à de nombreuses reprises. [...]
[...] On en a ici un bel exemple auquel pourrait s'ajouter sa version donnée dans Lithos et moi, une nouvelle fois différente. Le rôle de l'écrivain étant aussi de réécrire, de se redire, de mieux se dire, le thème qui nous intéresse ici a été maintes fois revisité de manière à en extraire l'essence même De l'expérience personnelle au récit Le rapprochement se fait ainsi tout naturellement avec la nouvelle L'Oubliette petit joyau d'indicible terreur où l'on suit Cyprien dans sa lente descente au sein de l'effroi. [...]
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