Comment l'auteur parvient-il à évoquer les mécanismes du souvenir et de la mémoire ?
Nous étudierons dans un premier temps le procédé du dialogue interne utilisé par l'auteur pour raconter de manière originale un souvenir d'enfance, puis nous nous intéresserons à cette étape des mécanismes de la mémoire qu'est l'émergence du souvenir, et qu'analyse dans cet extrait l'auteur (...)
[...] Nathalie Sarraute, chef de file du mouvement du Nouveau Roman, n'échappe pas à la tentation de se pencher sur ses souvenirs, et livre dans Enfance son passé. Comment l'auteur parvient-il à évoquer les mécanismes du souvenir et de la mémoire ? Nous étudierons dans un premier temps le procédé du dialogue interne utilisé par l'auteur pour raconter de manière originale un souvenir d'enfance, puis nous nous intéresserons à cette étape des mécanismes de la mémoire qu'est l'émergence du souvenir, et qu'analyse dans cet extrait l'auteur. [...]
[...] Cette dualité du locuteur traduit une opposition interne, un conflit intérieur, un trouble. Les adverbes pourtant et mais utilisés à plusieurs reprises, marquent une opposition évidente, renforcée par la répétition d'une négation : Non, cela je ne l'ai pas pensé (l.45), Non, tu vas trop loin (l.49) à laquelle s'oppose le double : Si, [ ] tu le sais bien (l.50). Cette dualité, cette opposition intérieure, est un procédé utilisé par l'auteur pour mettre en évidence une distanciation entre le moi enfant qui ressent spontanément des impressions, et le moi adulte qui les analyse. [...]
[...] Cependant la réminiscence est facilitée par l'insistance du double : Allons, fais un effort C'est bien, continue Le souvenir émerge alors, lointain. La distance avec le moment de l'énonciation est marquée par l'utilisation de l'imparfait de narration qui caractérise le récit. L'auteur pose le cadre : Maman et Kolia faisaient semblant de lutter (l.20). Puis, l'utilisation du participe passé vient rompre ce décor d'arrière plan : j'ai voulu (l.21), j'ai pris (l.21). Une succession d'actions de Nathalie est alors narrée, jusqu'à l'apparition du petit dicton (l.18/19) : Laisse donc femme et mari sont un même parti (l.23), dicton qui sera répété à plusieurs reprises, tel un refrain. [...]
[...] Remonter dans un passé lointain tel que l'enfance au seuil de la vieillesse est une entreprise difficile, et les souvenirs sont inévitablement altérés par le temps. C'est donc par une réminiscence floue et imprécise que le souvenir émerge. Cette imprécision est rendue par la ponctuation du texte, qui est parsemé de points de suspension qui traduisent une certaine hésitation. De plus, on note l'utilisation de repères temporels vagues : une fois (l.14), longtemps après (l.15), sur le moment (l.17), ainsi que l'absence de repères spatiaux. [...]
[...] Elle utilise pour cela un procédé original, celui du dialogue interne, du dédoublement de personnalité, procédé qui met en évidence la distanciation entre l'enfant du passé et l'adulte, l'observateur qui analyse. Ce retour sur soi, cette introspection, est un besoin, qui habite tout homme parvenu au crépuscule de sa vie. Ainsi George Sand écrivit-elle, au XIXe siècle, dans son autobiographie Histoire de ma vie : Je me suis promis de ne pas mourir avant d'avoir fait ce que j'ai toujours conseillé aux autres de faire pour eux-mêmes : l'étude sincère de ma propre nature, et l'examen attentif de ma propre existence. [...]
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