Exposé de Littérature sur le thème de la censure et du succès qu'a connu l'entreprise de L'Encyclopédie
[...] Selon un procédé cher aux Lumières et à l'œuvre de Voltaire, la convocation "encyclopédique" du savoir vise bien plus à provoquer une réflexion et une relativisation politique qu'à seulement instruire. Toute la ruse et l'idéologie de l'Encyclopédie est dans ces renvois, discrets mais efficaces. Les chapitres sur les techniques artisanales et les métiers visent quant à eux à informer sur des choses dont on ne peut douter ou à dissimuler la vocation philosophique antireligieuse de l'entreprise. Le premier volume, tiré à exemplaires, fut adressé aux souscripteurs le 28 juin 1751. Dans l'article "Autorité politique", Diderot attaque Bossuet et la théorie de la royauté de droit divin. [...]
[...] L'Encyclopédie doit faire la synthèse des acquis humains et effectuer une généalogie des connaissances. Diderot emploie à cet effet une technique spéciale : des racines aux dernières branches, la connaissance progresse et porte ses fruits. L'Encyclopédie est donc un arbre de la connaissance. Aussi, le projet antireligieux devient explicite. Non seulement la connaissance n'est pas interdite, mais elle est construite par l'homme, qui doit s'appuyer sur elle pour son bonheur. Il s'agit pour Diderot de "tout examiner, tout remuer sans exception et sans ménagement". [...]
[...] Voltaire proposa de continuer l'entreprise à Berlin, mais Diderot refusa. En 1753 parut le troisième tome; il fit l'objet d'une condamnation du Conseil du Roi. Les tomes IV, V et VI parurent néanmoins en et 1756. En 1757, l'Encyclopédie fit l'objet de souscriptions. Une "bataille" se déclencha alors à partir de l'article "Genève", rédigé par d'Alembert, qui suscita une réponse virulente de Rousseau. L'Encyclopédie fut l'objet de railleries : Moreau surnomma les encyclopédistes les "couacs", Palissot rédigea une Petite lettre sur de grands Philosophes, Voltaire la qualifia de "fatras". [...]
[...] D'Alembert s'occupait des mathématiques, Diderot de l'histoire de la philosophie, Buffon des sciences de la nature, Paul Joseph Barthez de la médecine, Quesnay et Turgot de l'économie. Le chevalier de Jaucourt assistait Diderot dans de nombreuses tâches rédactionnelles et éditoriales. L'Encyclopédie est avant tout marquée par l'intérêt de Diderot pour la technique, même si certaines planches s'inspirent d'autres encyclopédies, ou si certaines conceptions paraissent archaïques. Le destinataire était "le peuple" et pourtant les souscripteurs étaient des gens cultivés, ecclésiastiques, nobles et parlementaires. [...]
[...] Elle restera également le symbole de l'esprit des Lumières. L'Encyclopédie connut un succès européen : la Suisse, l'Italie, l'Angleterre, la Russie l'acquirent. Au-delà encore de ces traits profondément novateurs, ce qui caractérise l'Encyclopédie est d'avoir été un recueil critique: critique des savoirs, dans leur élaboration, leur transmission et leur représentation, critique aussi du langage, dans ses préjugés véhiculés par l'usage, des interdits de pensée, critique de l'autorité surtout, et du dogme. Et de cette œuvre, à laquelle sceptiques, huguenots, athées, voire catholiques, abbés ont collaboré, jaillit une véritable polyphonie. [...]
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