Cet extrait n'est donc pas le seul à traiter de l'ennui et de la vacuité, qui sont des thèmes récurrents dans En attendant Godot. Mais c'est ici d'autant plus étonnant que cela se passe au deuxième acte et que le lecteur peut avoir un sentiment d'épuisement. C'est que l'on est dans une pièce dont l'objet est justement l'ennui et le vide. Cela se manifeste dans le texte par une forme de lassitude : "je suis fatigué", "mais moi, je n'en peux plus". Il pourrait y avoir ainsi une sorte de complicité entre les acteurs et le public, exprimant tous ensemble de la lassitude. On a également un sentiment de vacuité notamment grâce à la réplique de Vladimir (...)
[...] Comme on le voit ailleurs dans la pièce, les personnages s'agacent, comme un vieux couple. Ainsi, Vladimir répond à Estragon à propos des carottes : Non, d'ailleurs tu exagères avec les carottes Même chose avec le radis : Il est noir ! [ . ] C'est un radis. Cela témoigne du fait qu'ils sont liés et inséparables. Dans la fin de l'extrait, Estragon fait également l'éloge de leur couple, ce qui agace Vladimir, plus pudique mais oui, mais oui, on est des magiciens D'ailleurs, tels des magiciens, Vladimir et Estragon donnent l'illusion d'exister, alors qu'ils ne font rien. [...]
[...] On a donc ici tout un jeu sur des objets dérisoires, avec lesquels ils vont jouer un peu comme des clowns. Le dialogue se réduit à une discussion sur les légumes, dérisoires, qui permet d'établir un lien entre les personnages. Ce dialogue est d'autant plus dérisoire que les personnages se disputent sur la couleur du radis il est noir ! et exagèrent l'importance des objets tu exagères avec les carottes L'échange verbal entre les personnages existe bel et bien. Ces objets permettent ainsi aux personnages de communiquer : il n'y a pas d'intrigue, mais il reste le plaisir de la joute verbale. [...]
[...] Dans cet extrait, on a de façon inattendue et originale, un dialogue sur l'ennui qui ne fait d'ailleurs nullement avancer l'intrigue, qui n'existe pas. Nous allons donc voir comment l'ennui et la vacuité sont l'objet de ce passage, et en quoi le jeu des acteurs avec des objets permet de pallier à cet ennui. Enfin, nous verrons que la complicité entre les personnages fait office de consolation dans un monde de solitude. L'ennui, la vacuité Cet extrait n'est donc pas le seul à traiter de l'ennui et de la vacuité, qui sont des thèmes récurrents dans En attendant Godot. [...]
[...] Cette illusion est consolatrice pour ces personnages en proie au vide. Dans le vide de leur existence, c'est cette relation d'amitié qui consiste à relancer la parole, les gestes, qui tient lieu d'action. Conclusion. Dans cet extrait, derrière le côté dérisoire des propos et une apparente simplicité, on voit quelque chose de très important : on voit en effet deux personnages confrontés au vide de l'existence, à l'ennui existentiel, qui essayent de se donner l'illusion d'exister et des raisons de continuer à vivre, parmi lesquelles il y a l'attente de Godot. [...]
[...] De même, p.89, Estragon dit je vais chercher une carotte »mais reste immobile, suivi immédiatement par la réplique ceci devient vraiment insignifiant Vladimir. On retrouve ceci à la fin des actes où les personnages ne bougent pas. Mais pourquoi ce vide ? Simplement parce que les personnages voudraient partir mais ne veulent pas, parce qu'ils attendent Godot. Mais d'une certaine façon, ils ne veulent rester puisque Godot ne viendra jamais. On entre ainsi dans la dimension tragique d'En attendant Godot. [...]
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