Les élites en France, aux XIXè et XXè siècles - Conférence de Jean-Pierre Chaline

Résumé du document

Fiche de lecture de la conférence de Jean-Pierre Chaline : Les élites en France, aux XIXè et XXè siècles.



Cet intérêt pour les élites date des années 80, et est liée au renouvellement de l?histoire sociale. Avant, les concepts utilisés en histoire sociales étaient trop flous, ou, s?ils étaient précis, n?étaient pas adaptés aux époques plus anciennes (cas des CSP, par exemple).

Extraits

[...] -même minoritaires, les femmes ont une place dans les domaines littéraire et artistique. Evolution à partir de l‘entre-deux guerres : elles ont joué un rôle pendant la Première Guerre Mondiale (la relève qu‘elles ont constituée dans le domaine économique ne s‘est pas limitée à être ouvrières dans les usines : certaines furent à la tête d‘entreprises ; de plus, habitude de prendre les décisions à la maison). Combinaison de l‘aspiration de certaines femmes à avoir une place reconnue dans la société, avec un rôle qu‘elles ont, de fait, au sein de cette société. [...]

[...] Les élites, pour être désignées comme telles, ne sauraient se dispenser d‘une reconnaissance sociale, d‘une acceptation de leur position par l‘ensemble de la société ; c‘est pourquoi les productions sociales qui témoignent de cette reconnaissance ont leur place dans les travaux de recherche en histoire sociale. Ce qu‘il est intéressant de constater dans le bottin mondain (cf à ce titre l‘ouvrage Y être, c‘est en être), ou dans le Who‘s who (un répertoire de la réussite sous toutes ses formes :chefs d‘entreprise, prix Goncourt, vedettes politiques, stars, ce n‘est pas tant les noms de ceux qui y sont, que ceux de ceux qui sont pas : ces absences sont au moins aussi révélatrices pour la compréhension d‘une société ; ainsi, actuellement, aucun président ou professeur d‘université ne se voit cité : est-il encore légitime de parler d‘élites universitaires ? [...]

[...] Avènement des intellectuels ; ils ne naissent pas à ce moment-là, bien sûr, mais quand Voltaire ou Hugo étaient des individualités, l‘Affaire Dreyfus fait apparaître les intellectuels comme groupe. Ils sont une forme de cléricature laïque, reprenant le rôle dénié aux Eglises de moralisateurs, désignant le bien/mal universel ; émergence de quelques personnalités, politiques notamment, ayant autorité, prestige, pouvoir (cf Jaurrès) ; les normaliens de la rue d‘Ulm commencent à s‘immiscer. La Grande Guerre. Processus de maréchalisation (Joffre, Pétain, Foch) ; prestige des militaires ; figure de l‘ancien combattant. [...]

[...] Mais ce consensus est inévitablement daté : la reconnaissance de l‘opinion pour les savants trouve ses racines dans l‘Encyclopédie au XVIII° siècle, elle est particulièrement forte au XIX° siècle, caractérisé par le culte du progrès ; le prestige des militaires est immense en 1914-18, diminue largement depuis ; le prestige des intellectuels a été, dans une certaine mesure remis en cause, connaît un certain déclin (en fait, a mal survécu à un siècle de forte admiration, qui fut aussi le siècle des totalitarismes). Aujourd‘hui, qui sont les élites ? les émules de Bill Gates ? les créateurs de start-up ? les Zidane et autres David Douillet ? les vedettes du show-biz ? Quelles que soient les nouvelles élites, elles ne font pas disparaître automatiquement les anciennes, et l‘histoire sociale, dans cette optique, est marquée par des tensions (qui peuvent avoir des conséquences politiques), lorsque les élites traditionnelles ne correspondent plus aux élites réelles ; jeu de contestation et de remplacement. [...]

[...] -élite intellectuelle, idéologiquement définie, existant alors pratiquement à l‘exclusion de toute autre, en référence constante au marxisme : le PC et ses compagnons de route (cf Sartre) ; direction des grands syndicats, de journaux. -au plan économique : nationalisations et mouvements de concentration font apparaître de nouvelles élites : les managers (à distinguer des propriétaires de l‘entreprise), PDG de Renault, de EDF ; émergence de la figure du cadre (le terme apparaît à ce moment-là), jeune et dynamique diplômé des grandes écoles, caractérisé par son détachement à l‘égard des comportements bourgeois de ses parents, et par la conscience qu‘il a de sa qualité et de sa supériorité. [...]