A la première lecture, c'est la narration de la mort d'Egisthe qui est remarquable dans le texte.
Les premiers mots du Mendiant "Alors voici la fin" sont lourds de sens. "La fin", c'est la fin de la tragédie, la vengeance d'Electre par le bras d'Oreste, l'assassinat de deux meurtriers (...)
[...] Ce jeu sur les temps du récit est souligné par le rythme de la narration. Cinq phrases brèves (lignes 1à introduisent une phrase longue (ligne 5 à7) qui évoque l'assassinat de Clytemnestre ; Puis cinq autres phrases brèves (lignes 7 à 10) introduisent une phrase longue (lignes 10 à 13) qui traduit l'horreur et le trouble d'Oreste. Jusqu'à la fin, le récit fait ainsi alterner un rythme rapide (phrases brèves, virgules, répétition de la coordination et pour accentuer la soudaineté de la mort et son caractère inéluctable. [...]
[...] Lorsque retentit la voix d'Egisthe Electre la réplique du Mendiant la rejette dans la poésie et le comique : J'ai raconté trop vite .Il me rattrape. Le tragique devient alors un tragique moderne, celui de l'accomplissement individuel dans un destin que l'on se forge, et non plus imposé par les Dieux, il permet des remarques ironiques : Elle avait raison, c'était sa seule chance désormais dans la vie de se tenir un peu debout. Mais il demeure d'une égale intensité tragique : une reine morte au bras droit avec colliers et pendentifs Comme dans le Mythe d'origine, Electre accomplit sa vengeance par le bras d'Oreste voué à la folie et au suicide, mais ils n'obéissent pas à un projet divin, ils suivent leur caractère et leur accomplissement individuel ; La dimension tragique, si elle change de cause, n'est pas diminuée. [...]
[...] Mais le récit du Mendiant instaure aussi un début, celui de la construction d'un Destin Il a eu tort. Il ne la touchera jamais plus. Le destin d'Oreste, folie et suicide, ouvre la vision de destins liés au sien. et que tout désormais irait bien c'est au moment où Egisthe prononce ces mots, ironie tragique, que le meurtre de Clytemnestre s'accomplit : il entendit crier dans son dos une bête qu'on saignait Il y a alors contagion du tragique et les destins s'accomplissent en même temps : Il avait frappé au hasard sur le couple en fermant les yeux. [...]
[...] - Elle est aussi atroce ( lignes 7 à : le verbe saignait la rend plus violente que son spectacle même, et cette cruauté est aggravée par l'innocence , quelque part, des assassins : une mère innocente un crime qui n'était plus le sien ; Si le destin n'avait été figé par leur mort, peut-être se seraient-ils purifiés ? Mais la mort les fige dans leur Mythe, dans le tragique. C'est cette dimension du tragique et son expression par la voix du Mendiant que nous allons étudier maintenant : Une lecture plus approfondie du texte permet de souligner toutes les valeurs du personnage du Mendiant, à commencer par la dimension tragique qu'il donne au texte. Etrange messager, qui rapporte ce dont il a été spectateur en l'anticipant : Alors voici la fin. [...]
[...] (Introduction) Ce texte de Giraudoux, extrait d'Electre, est un long monologue du Mendiant ; Il évoque la mort d'Egisthe et de Clytemnestre, tués par Oreste, frère d'Electre, tous deux enfants de Clytemnestre ; ils vengent la mort d'Agamemnon, leur père, qu'elle a assassiné avec Egisthe. (Situation du texte) La scène 9 de l'acte II est l'avant dernière scène de la pièce ; = il s'agit donc d'un texte décisif sur le plan dramatique. (Caractérisation du texte) Il s'agit d'un texte de monologue au ton particulier : Le Mendiant, relatant l'assassinat d'Egisthe et de Clytemnestre, décrit mais aussi juge et prophétise ; Les métaphores qu'il emploie pour décrire le montrent plus informé du destin qu'un simple mendiant ; Par ailleurs quoique le texte (comme dans le théâtre classique), tienne le spectateur à l'écart de la mort, celle est présentée de façon atroce et violente dans la description faite. [...]
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