Lecture analytique portant sur la scène 8 de l'Acte II d'« Electre » de Giraudoux. Cette scène coup de théâtre est un débat argumentatif entre Egisthe et Electre. Cette étude analyse en profondeur les tactiques argumentatives des deux opposants, leurs thèses et leurs idéaux. Cette scène clef de la pièce définit, entre autre, les valeurs d'Electre, éléments essentiels pour comprendre la pièce.
[...] Electre souhaite avant tout faire éclater la vérité car, selon elle, n'est pas de pardon”. Une exigence à laquelle Egisthe répond par : est des vérités qui peuvent tuer un peuple” mais Electre n'en a que faire et déclare qu' n'y a qu'un phosphore, la vérité”. Electre veut faire la lumière sur le meurtre d'Agamemnon et l'on retrouve par conséquent, un champ lexical varié de la lumière : “incendie”, “étincelant”, “étincellent”. Elle oppose à celui-ci l'absence de lumière ou la pénombre qui concerne cette fois la méconnaissance de la vérité: “regards de peuple morts”, “yeux inutiles”, “aveugles”. [...]
[...] Egisthe considérant son peuple comme des individus, dont il doit assurer la prospérité, déclare donc la Vie comme valeur suprême : scandale ne peut que l'achever” et est prêt à tout pour qu'elle perdure, même s'abaisser à supplier Electre. Au discours enflammé d'Electre s'oppose le point de vue pragmatique et concret d'Egisthe qui s'offre en victime consentante, à la condition qu'Electre lui laisse d'abord sauver la ville et avant tout, chaque citoyen d'Argos. L'opposition entre les deux personnages est forte et concerne avant tout leurs valeurs divergentes. III Des idéaux irréconciliables La raison opposée au désir irrationnel de vengeance Cet affrontement verbal ou agôn, confronte deux points de vues opposés. [...]
[...] Son éloquence verbale se fait miroir de sa philosophie, idéaliste de justice et de vérité. En effet, Electre prouve son style noble en choisissant de vouvoyer son adversaire, le forçant ainsi à rester dans un dialogue respectueux. Electre manie subtilement l'argumentation : elle utilise des verbes d'opinion forts m'en garde”, ne l'accepte qui instaurent par ce biais une atmosphère polémique. D'autre part, elle assied ses propos par l'utilisation du pronom personnel qu'elle mêle avec finesse à des vérités générales, au style gnomique quand le crime porte atteinte à la dignité humaine ( . [...]
[...] Egisthe au contraire, exprime un point de vue pragmatique et concret sur la situation qu'il juge alarmante. II Une morale pragmatique Un nouvel homme Depuis la scène Egisthe a pris conscience de sa charge de chef d'état : le chef sans scrupule s'est métamorphosé en roi digne de ce nom qui n'a comme principale motivation que le salut de sa ville qu'il refuse de laisser périr : oses dire qu'elle est la justice des dieux Egisthe pense avant tout à sauver les habitants du massacre comme le démontre l'absence du pronom personnel sujet ; quand Egisthe parle enfin de lui, c'est en utilisant un procédé de distanciation : parles en jeune fille, non en roi”. [...]
[...] En tant qu'affaire de famille, sa mort cause un idéalisme inébranlable chez Electre qui recherche à tout prix la justice . Elle compare ainsi l'injustice à une maladie gangrenant la “dignité humaine”. Elle emploie le terme fort de pour désigner le meurtre perpétré par Clytemnestre et Egisthe. Cette mort provoque donc une décision d'ordre moral chez Electre. En tant que qu'affaire d'état, elle est rationalisée par Egisthe qui réagit en roi ; ses préoccupations et son action relèvent exclusivement du champ de l'humain et du politique : parles en jeune fille, non en roi. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture