Lecture analytique portant sur l'Acte I, scène 8 d'« Electre » de Giraudoux. Elle analyse en profondeur l'attitude de la soeur et du frère lors de cette scène de retrouvailles. Très riches en procédés de style et citations, elle puise aussi ses références dans la mythologie grecque pour analyser cet extrait, faisant ainsi de ce devoir une étude très approfondie, équilibrée et perspicace.
[...] On trouve dans cette évolution une sorte de développement foetal, Oreste est formé, petit à petit, par des verbes performatifs t'appelle à la je fais son oreille”, forme mon frère”). “Quelle réussite, ces oreilles L'exclamation et la mise à l'écart du substantif “oreille” pour le mettre en valeur, prouve la beauté de l'entreprise qui s'avère être un succès, rythmé par l'anaphore “voilà”. Elle transforme la détail” en un homme déjà habité par la Vie l'anime”, “elle se gonfle”, “palpitante”). Electre donne la vie à Oreste . [...]
[...] Elle cherche à évincer sa mère de son statut par l'utilisation récurrente du pronom personnel Cette impression n'en est que plus flagrante aux lignes suivantes, par la généralité “voilà bien l'ingratitude des fils” qui, cette fois sans détour, fait d'Electre une mère. Comme auparavant, les verbes performatifs complètent l'idée de foetus-Oreste et donc d'une incubation qui semble - par la première personne du singulier- se trouver dans le ventre même d'Electre. On peut donc conclure qu'Electre a un statut hybride, celui de mère et de sœur. Délivrant Oreste de la maternité de Clytemnestre et s'en appropriant tous les mérites, cet hymne à l'amour maternel est marqué par la théâtralité. [...]
[...] Cette scène est donc avant tout dramaturgique. Le lyrisme Le texte de cette renaissance physique d'Oreste est cadencé par des anaphores : qui créent un rythme particulier, complétées par une apostrophe joie”. Les nombreuses exclamations est Oreste”) contribuent à transformer ce texte ne incantation. Le registre lyrique est marqué par l'utilisation du pronom personnel tout au long de l'extrait. D'autre part, ce texte très écrit évoque des sentiments intenses, exacerbés : “trop durement”, blessent”, n'en puis Le subjonctif plus que parfait eût fallu” montre le caractère brusque de la réapparition d'Oreste et le déchaînement des sentiments que cela provoque. [...]
[...] Electre de Giraudoux, acte scène 8 Electre de Giraudoux, publiée en 1937, est une version moderne du mythe antique. Alors qu'un étranger entre dans Argos, on annonce le mariage prochain d'Electre, fille d'Agamemnon, et d'un jardinier. L'étranger la soustrait à cette obligation et révèle être Oreste, frère exilé de la jeune femme. La scène 8 de l'Acte I est majeure dans cette pièce car il s'agit de la “réappropriation” d'Oreste par Electre. On peut se demander quel est le comportement adopté par Electre face à son frère. [...]
[...] Auparavant, il avait “tout à dire” mais sous la férule d'Electre, la fonction primaire qu'est celle de la respiration lui est confisquée. Cet extrait est donc marqué par l'autorité dont Electre fait preuve, face à son frère. Une attitude contrebalancée par l'élan amoureux éprouvé pour celui-ci. Une déclaration amoureuse Oreste, dans cet extrait, est sublimé par Electre. Il est opposé au “médiocre” et à “l'ignoble” qu'Electre connaissait “souvent” depuis “vingt ans”. Son frère marque une rupture avec le passé, introduite par “voilà”. [...]
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