Commentaire composé étudiant le personnage d'Egisthe lors de son discours à la scène 3 de l'acte I d'Electre de Giraudoux.
[...] "Mes sanctions" est mise en valeur et l'on constate que sa définition de justice est particulière : en effet, le tribunal le soutient aveuglement. Comment parler alors de droiture quand l'oppresseur applique les peines de manière clandestine : "Et je ne montre pas mes supplices en évidence" ? Egisthe ne supprime pas seulement les intellectuels en leur retirant leur droit d'expressions (possibles autodafés) mais aussi physiquement : "Pas d'exil. Je tue". La juxtaposition d'une phrase nominale au verbe court, lapidaire, qu'est "tuer" souligne toute l'horreur de la situation. [...]
[...] Selon lui, une seule personne peut faire signe aux dieux, c'est la protagoniste, fille de Clytemnestre. On peut remarquer qu'à ce moment précis, le mendiant, considéré comme un dieu, s'agite. Les dieux n'ont donc pas une image favorable auprès d'Egisthe qui, à cause d'eux, compare la terre à une place assiégée . Egisthe ne met aucun nom sur ces divinités ("là-haut", "les dieux"), sans doute pour souligner la distance prise avec eux. Le personnage d'Egisthe est une méditation sur les valeurs : intérêt de la cité, vengeance, justice . [...]
[...] la démocratie n'existe plus. C'est l'intérêt de la Nation qui prime et non la quête du savoir, qu'Egisthe dénigre. L'embrigadement lui permet de gouverner sa "troupe", bétail humain qui doit penser comme on lui a dicté. On peut trouver une analogie entre son statut tyrannique et les régimes politiques du temps de Giraudoux ; au XX ème siècle se développent l'Allemagne nazie, l'Italie fasciste ou encore l'Espagne franquiste. Ce rapprochement n'en rend que plus alarmants les contestations : les mesures prises par Egisthe étant funeste ("supplices"), on ne peut imaginer le sort réservé à Electre qui est, selon le dirigeant, la mieux placée pour faire signe aux dieux et donc briser la prospérité de sa cité, à laquelle il tient tant ("troupe", "différences", "fixité", "même atmosphère égale"). [...]
[...] Lecture analytique Electre de Giraudoux Acte I scène 3 Jean Giraudoux publie en 1937, Electre, pièce tragique en deux actes. Alors qu'Electre, fille d'Agamemnon, doit épouser le jardinier sous l'ordre d'Egisthe, un étranger fait son apparition. Dans la présente scène numéro Egisthe s'exprime sur les dieux qui punissent à l'aveugle . selon lui, la meilleur façon d'éviter de telles tracas est encore de ne pas "faire signe" à ceux-ci. Sa longue tirade permet au lecteur de se questionner sur l'image qu'il donne de lui-même, d'une part, mais aussi d'explorer celle concernant l'homme politique qu'il se trouve être. [...]
[...] Ces trois personnages, tour à tour, se questionnent et remettent en cause l'ordre pré-établi, ont un esprit qui divague et veulent un autre idéal ou encore préfèrent le quitter. Il semblerait que, par : "j'ai toujours feint", Egisthe ne craigne pas le courroux divin ; sans doute croit-il au dieux mais il ne les craint pas et semble même les déprécier : pour lui, c'est la justice des tribunaux qui prime et non celle de quelque entité supérieure. En effet, il ne parle même pas de justice divine mais de "vengeance" . pour Egisthe c'est la volonté humaine qui doit faire loi. [...]
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