HIRAI Tarô, auteur japonais né en 1894, est sorti diplômé de l'université Waseda de Tôkyô. Dès 1923, il a publié, sous le pseudonyme d'EDOGAWA Ranpo, choisi en référence à Edgar Allan Poe qu'il admirait, diverses nouvelles policières dans la revue Shinseinen, comme Nisen dôka (La Pièce de deux sens) en 1923, Shinri shiken (Le Test psychologique) en 1925, ou encore Akai heya (La Chambre rouge) la même année.
Il a publié ensuite plusieurs feuilletons, tel Kumo otoko (L'Homme-araignée) en 1929-1930, et a adapté ses œuvres pour un public plus jeune, ce qui lui a apporté un grand succès, en dépit d'un certain manque de reconnaissance de ses pairs.
Après la guerre, il a rédigé des études critiques, comme Gen'ei-jô (Le Château des chimères) en 1951, a créé un prix à son nom, et s'est attaché à faire de la littérature policière, qu'il avait développée avec un style propre, un des genres majeurs de la littérature japonaise.
[...] Edogawa Ranpo (1894-1965) Caractéristiques d'une œuvre HIRAI Tarô, auteur japonais né en 1894, est sorti diplômé de l'université Waseda de Tôkyô. Dès 1923, il a publié, sous le pseudonyme d'EDOGAWA Ranpo, choisi en référence à Edgar Allan Poe qu'il admirait, diverses nouvelles policières dans la revue Shinseinen, comme Nisen dôka (La Pièce de deux sens) en 1923, Shinri shiken (Le Test psychologique) en 1925 ou encore Akai heya (La Chambre rouge) la même année. Il a publié ensuite plusieurs feuilletons, tel Kumo otoko (L'Homme- araignée) en 1929-1930, et a adapté ses œuvres pour un public plus jeune, ce qui lui a apporté un grand succès, en dépit d'un certain manque de reconnaissance de ses pairs. [...]
[...] De plus, l'inadaptabilité au monde qui caractérise tous les personnages principaux contribue à cette impression de vanité et de grotesque de leurs actes. L'aveugle dans La Bête aveugle, l'homme dans L'Homme chaise, le lieutenant Sunaga dans La Chenille tous ces personnages sont neurasthéniques, misanthropes ou alors ont vécu un drame qui les a transformés physiquement ou mentalement, les rendant incapables de vivre dans le monde extérieur. Ce caractère particulier les amène à se forger des mondes secrets qui les protègent, des cocons dans lesquels ils peuvent assouvir leurs fantasmes, aussi pervers soient-ils, et dans lesquels ils peuvent laisser libre cours à leur génie créatif. [...]
[...] Ainsi, EDOGAWA, tel un Charles BAUDELAIRE et ses Fleurs du Mal, s'attache-t- il à dépeindre, par touches violentes et débauche de couleurs, un monde où la beauté, fascinante et malsaine, s'appuie sur la laideur excessive, exubérante, et la violence emplie de douleur. Dans La Bête aveugle, c'est la laideur initiale de la pièce souterraine emplie de parties de corps humains sculptés et multicolores qui, paradoxalement, finit par la rendre terriblement belle. De même la sculpture finale, laide visuellement et qui contient une violence inhérente puisqu'elle a été réalisée grâce à la mort sanglante de sept femmes, est un véritable chef-d'œuvre d'une beauté tactile inégalable. [...]
[...] Parfois, le vice est poussé par le narrateur au point que ces mondes et ces actes ne sont en fait que des farces de mauvais goût. La tension qui se développe tout au long du récit se relâche alors d'un coup à la fin, dans une révélation imprévue. Cette technique, élaborée dans La Pièce de deux sens, est notamment reprise dans L'Homme-chaise, nouvelle dans laquelle la jeune femme qui a lu avec horreur la lettre adressée par un prétendant, criminel qui se cachait dans le fauteuil sur lequel elle était assise, se rend compte qu'il ne s'agissait que d'une supercherie écrite par un jeune écrivain afin d'attirer son attention. [...]
[...] Leur folie ne peut être stoppée que de deux manières : soit par une personne extérieure qui vient accuser le personnage, comme dans L'Ile-panorama ; soit par l'insatisfaction grandissante engendrée par leur passion, qui ne peut plus être assouvie tant elle est immense, et qui mène alors nécessairement le protagoniste au suicide. Certaines nouvelles échappent cependant quelque peu aux cadres que nous avons tenté de définir. La Pièce de deux sens tout d'abord, première nouvelle d'EDOGAWA, considérée comme la première nouvelle policière japonaise, est plus proche du genre policier traditionnel, avec un crime et une enquête résolue grâce à un trait de génie. [...]
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