Quelle image de la réalité Boris Vian nous donne-t-il à travers l'univers fantaisiste décrit dans "L'Ecume des jours" ?

Résumé du document

Etude niveau Lycée de l'oeuvre L'Ecume des jours de Boris Vian, selon la problématique suivante : quelle image de la réalité Boris Vian nous donne-t-il à travers l'univers fantaisiste décrit dans ce roman ?

Extraits

[...] On trouve un exemple encore plus frappant au chapitre 20. Chick, qui se prépare pour le mariage de Colin, fait un nœud à sa cravate, mais celle-ci, récalcitrante, lui écrase l'index. On remarque également que le végétal est doté d'une importance accrue. Chloé a dans la poitrine un étrange nénuphar qui sera la cause de sa mort. On n'a plus affaire ici à une simple fleur, mais à un être nuisible, qui finira par retourner là d'où il venait, c'est-à-dire dans l'eau, une fois sa triste besogne accomplie. [...]

[...] Ce n'est pas de la religion, c'est du music-hall. C'est sur les marches de l'église que Chloé commence à tousser, et ce sont des petites filles aveugles de l'orphelinat de Jules l'Apostolique qui seront responsables de la mort de la souris. Jusqu'au bout, l'Eglise est coupable. Evidemment la critique atteint son apogée lors de l'enterrement de Chloé. Colin n'a presque plus d'argent, et l'enterrement est une véritable scène de cauchemar. Même Jésus sur sa croix est totalement indifférent â la peine de Colin. [...]

[...] Seulement, on s'arrange pour les faire travailler tout le temps et alors ils ne peuvent pas en profiter. (chapitre25). Effectivement, l'univers du travail est cauchemardesque. Que ce soit Chick au chapitre 48, ou Colin aux chapitres ou 63, on est toujours confronté à l'absurde. Le travail est difficile à trouver, il est mal payé et on le perd facilement; il est soumis à la loi de la rentabilité et n'a pas toujours une fin très claire outrés noble. On n'en retire aucune satisfaction, seule la nécessité force les personnages à s'y soumettre. [...]

[...] Mais Vian pousse les choses très loin: comme dans la Genèse, c'est le Verbe qui est créateur. Autrement dit, bien souvent, c'est le langage lui-même qui permet la création d'un monde nouveau. On retrouve à nouveau l'influence des surréalistes. Vian utilise plusieurs procédés: -le passage à l'écrit des anglicismes : baise-bol -la contrepèterie : Jean-Sol Partre -le remplacement d'un mot par un paronyme: cuir de roussette (pour Russie) -le néologisme par modification d'un mot existant: le bedon; l'antiquitaire -le mot-valise : pianocktail (mélange de piano et de cocktail) -la prise au pied de la lettre: exécuter une ordonnance; le lance-pierre qui figure parmi les couverts. [...]

[...] L'auteur du Paradoxe sur le dégueulis et de La Lettre et le Néon semble bien mis à mal par Vian. Certes, Il y a désaccord philosophique et politique entre les deux écrivains, mais on ne dépasse pas la blague de potache. Sartre et Beauvoir ont d'ailleurs eu le manuscrit de L ‘Ecume des jours entre les mains avant sa parution et ne se sont pas sentis offensés outre mesure. Peut-être faut- il voir simplement dans l'obsession fétichiste de Chick une satire amusée de l'engouement que les théories du philosophe ont suscité à l'époque. [...]