Boris Vian, "L'Ecume des jours", Chapitre XI : commentaire

Résumé du document

- Le passage proposé reprend un important topos de la littérature : celui de la rencontre amoureuse. S'inscrivant dans la plus pure tradition littéraire, Boris Vian place ses deux héros dans le cadre d'une fête (version nouvelle et moderne des bals cf PDC et consorts).
- En apparence ? et comme souvent ? la reconnaissance semble immédiate puisque la présentation à peine faite (« C'est Colin, dit Isis. Colin, je vous présente Chloé ») l'attitude de Colin change et l'auteur enchaîne directement en mettant l'accent sur les bouleversements provoqués par la rencontre : « Colin avala sa salive. Sa bouche lui faisait comme du gratouillis de beignets brûlés ».
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Extraits

[...] - Enfin, l'ombre du nénuphar plane déjà dans l'extrait. Symboliquement, tout est là. La toux qui sépare les héros Et puis il toussa Il dut la lâcher et s'écarter d'elle pour tousser l'ris d'eau (plante aquatique comme le nénuphar) et le prénom de Chloé qui renvoie à la nature (herbe naissante, verdure nouvelle). [...]

[...] - Boris Vian donne également à voir les manifestations de l'amour dans l'attitude même des personnages. Colin est troublé, perturbé, désorienté. La honte et la peur le prennent et la rencontre débouche sur une fuite : il s'enfuit il se rappela qu'il s'enfuyait et s'enfuit Le mot est repris à trois reprises (ajoutons aussi le je m'en allais et suffit à souligner tous les paradoxes de l'amour. Il bouleverse au point de faire perdre et ses moyens et ses repères : conviction d'avoir dit une stupidité je viens d'être idiot ça me gêne je lui ai dit une stupidité Vian décode les mécanismes de l'amour : approche puis fuite pour de nouveau tenter un rapprochement : et puis, il lâcha Alise et alla inviter Chloé - L'amour est donc source de désordre et ses manifestations ont des retentissements physiques (Colin ne semble même plus savoir boire) mais aussi dans l'attitude, le comportement. [...]

[...] L'amateur de musique et de fête qu'est Vian l'amène pourtant ici à parler de centre de sudation plutôt que de piste de danse, constatant que la fête n'en est une que dans l'idée et non dans les faits : échangeaient des impressions peu convaincantes d'un air peu convaincu L'essentiel étant visiblement non pas de s'amuser mais de faire croire qu'on le fait. Une préfiguration des événements à venir ? - Le chapitre XI laisse également envisager, en filigrane évidemment, les événements à venir. En effet, certains événements qui ont lieu, dans cette soirée, sont loin d'être purement anecdotiques. En effet, la personnalité de chacun et le destin qui les attend apparaissent ici. - Il en va ainsi de la fuite de Colin qui se voit arrêté par Chick. [...]

[...] Elle est croquée progressivement, par parties. Son apparence se précise à chaque regard porté par Colin : Elle le regarda encore. Elle avait les yeux bleus. Elle agita la tête pour repousser en arrière ses cheveux frisés et brillants - Le toucher occupe une place importante voire capitale lors du rapprochement des deux personnages: il sentait ses doigts frais appliqua [ ] sa tempe sur la joue de Colin Il dut la lâcher l'embrassa entre l'oreille et l'épaule Colin ne retira pas ses lèvres Chloé se nicha commodément près de lui passa son bras autour du cou Colin mordillait les cheveux Leur approche est très rapidement physique, tendre, sensuelle, délicate. [...]

[...] S'inscrivant dans la plus pure tradition littéraire, Boris Vian place ses deux héros dans le cadre d'une fête (version nouvelle et moderne des bals cf PDC et consorts). - En apparence et comme souvent la reconnaissance semble immédiate puisque la présentation à peine faite C'est Colin, dit Isis. Colin, je vous présente Chloé l'attitude de Colin change et l'auteur enchaîne directement en mettant l'accent sur les bouleversements provoqués par la rencontre : Colin avala sa salive. Sa bouche lui faisait comme du gratouillis de beignets brûlés - Contrairement à Aragon qui souligne la répulsion d'Aurélien lors de sa rencontre avec Bérénice qu'il trouv[e] franchement laide Vian, lui, s'inscrit dans la plus pure tradition sentimentale en présentant Chloé comme une femme profondément jolie et séduisante: jolies dents »n'est- ce pas qu'elle est jolie etc.). [...]