A toutes les époques, les écrivains utilisent la fiction pour amener à une réflexion avec la transmission de vérités et de leçons. C'est en particulier à partir du XVIII° siècle, siècle des Lumières, que le recours à la fiction prend de l'ampleur car il y a une volonté de changement et de vulgarisation du savoir : « riches et pauvres » doivent tous pouvoir s'instruire et réfléchir. Il est donc plus pertinent de trouver un autre moyen que l'essai théorique pour ouvrir le savoir à l'ensemble du peuple (...)
[...] Cela ne peut pas correspondre à la réalité, à une situation de tous les jours. C'est ce qu'on observe dans la Princesse de Babylone de Voltaire. On ne peut y croire, c'est en quelque sorte trop beau pour être vrai Enfin, dans le cas des fables, on trouve également un risque pour les enfants. Rousseau pense qu'elles ne sont pas faites pour les enfants car ils n'en saisissent pas la bonne morale En effet, les réserves de Rousseau sont pertinentes et compréhensibles. [...]
[...] L'auteur dispose ainsi de moyens variés et efficaces pour persuader le lecteur et lui présenter une vérité. Voltaire dans le chapitre VI de Candide utilise l'ironie pour dénoncer l'absurdité des pratiques de l'Inquisition et du fanatisme religieux : Candide est selon l'expression fessé en cadence ; Voltaire à travers le rire et l'euphémisme de l'expression fait réfléchir le lecteur sur un sujet grave et sérieux. Dans la Légende de l'homme à la cervelle d'or c'est par le registre fantastique que Daudet transmet une morale. [...]
[...] L'utilisation de la fiction est un moyen très efficace pour transmettre des vérités, des morales. En effet, elle englobe différents genres et registres littéraires très riches et divers. Elle utilise par ailleurs la narration, qui est à coup sûr un moyen contre l'ennui car elle permet la diversité des lieux, des personnages, le récit est vif. Mais en plus d'être plaisante, la fiction invite le lecteur à construire une réflexion, celui-ci participe à construire le sens ultime du texte. Cependant, les limites de la fiction pour transmettre des leçons sont réelles : l'argumentation implicite peut conduire à un contresens, la narration peut prendre le dessus et occulter complètement le sens que le lecteur doit trouver au texte. [...]
[...] L'exotisme des lieux que l'on retrouve par exemple dans la Princesse de Babylone ou les Lettres persanes permettent au lecteur de s'évader. Par ailleurs, l'élaboration d'un personnage par l'auteur permet une identification. Dans l'Etranger de Camus, le lecteur a de la sympathie, au sens fort de souffrir avec pour le personnage de Meursault victime d'une justice injuste Le lecteur s'indigne et s'identifie : la leçon est transmise par l'auteur. Le recours à la fiction peut également être un moyen de déjouer la censure ou de dire une vérité, celle de l'auteur à travers un personnage. [...]
[...] Le recours à la fiction présente des dangers. En effet la fiction avec ses différents registres et les analogies possibles, peut induire le lecteur en erreur. Celui-ci peut manquer le sens ultime du texte et faire un contresens majeur. L'ironie et l'implicite peuvent ne pas être saisis. Candide en est l'exemple. Voltaire utilise l'ironie pour qualifier la guerre avec l'expression oxymorique boucherie héroïque Une lecture au premier degré peut impliquer un contresens majeur si le lecteur n'entend pas l'ironie. Il verrait alors en Voltaire un fervent et cruel défenseur de la guerre au lieu d'un véritable pacifiste. [...]
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