Le milieu professionnel
1 - Lieu sinistre, inquiétant :
Tout le monde est « nerveux » quand le téléphone sonne. L'attente des « coups » plonge le bureau dans une atmosphère angoissante. L'insistance sur le verbe attendre « on attend », c'est-à-dire nous tous, plus le nom « attente » confirment le climat d'angoisse. Champ lexical de l'enfer : « supplice, infernale, rien de comparable avec le paradis ». Douleur physique : « sonnerie » et douleur morale : « attente ». M. Jacob montre des signes de « grande inquiétude ».
Métonymie « Tout le bureau » = tous les employés sont « nerveux », l'adjectif est utilisé à deux reprises. Le personnel est aux aguets : « dresser l'oreille ». Le climat est orageux : « musique d'orage ». La très vive anxiété est mise en évidence à travers les formules : « se manger un ongle », « en avoir un panaris ». Donc lieu stressant où « les mains sont crispées » et « les mâchoires serrées. »
Mais cette anxiété est refoulée : « sans en avoir l'air », expression utilisée deux fois.
C'est aussi un lieu étouffant, il faut pour le parcourir : « traverser plusieurs corps de bâtiments » qui ressemblent à des « compartiments superposés », des « galeries aériennes » où les murs sont « immenses, recouverts de cartonniers » ; labyrinthe.
Par ailleurs, ce lieu est sinistre : « murs qui ressemblent un peu au columbarium du Père-Lachaise » : détails morbides, « columbarium» = bâtiment où sont conservées les urnes mortuaires et « Père-Lachaise » = cimetière (...)
[...] L'enjeu est l'identité. Il ne s'intéresse pas non plus à M. Jacob Réponse monosyllabique pas d'humanité. L'impératif donnez ! montre que cet homme a l'habitude d'ordonner et d'être obéi autorité directe à laquelle Salavin n'est pas habitué car le pouvoir de cet homme est, pour lui, diluée et sous le signe du relais : supérieurs, secrétaires, domestique chargé de le faire enter dans le bureau Salavin est insignifiant aux yeux de M. Sureau : M. Sureau ne me regardait pas. [...]
[...] Cela lui permet de constater l'insignifiance des choses et de la vie. L'absurdité de sa condition humaine devient celle de la condition humaine en général : Je ne sais trop ce que j'aurais fait à sa place; bien que, moi, je comprenne une foule de choses, malheureusement. = c'est un autodidacte dont le savoir sur le monde l'élève au-dessus de la condition commune : il pense juge et imagine Transition : Si la médiocrité de cet homme sans importance sociale est universalisable, il n'en demeure pas moins que celui-ci se révolte contre l'autorité. [...]
[...] Mon métier était de corriger des textes et non de me tenir debout devant un prince de l'industrie. Je maudissais M. Jacob et préparais, à son intention, quelques-unes de ces phrases bien mijotées, qu'en définitive je ne dis jamais. J'étais d'ailleurs inquiet de mon corps dont je ne savais que faire. Je sentais tous mes muscles qui se guindaient, chacun dans une posture à faire tort aux autres, et j'avais la curieuse impression de composer une énorme grimace, non seulement avec ma figure, mais avec mon torse, mon ventre, mes membres, enfin avec toute la bête. [...]
[...] J'ai été saisi par dix garçons de bureau, trainé dans une pièce voisine, déshabillé, fouillé. J'ai repris mes vêtements; quelqu'un est venu m'apporter mon chapeau et me dire qu'on désirait étouffer l'affaire, mais que je devais quitter immédiatement la maison. On m'a conduit jusqu'à la porte. Le lendemain, Oudin m'a rapporté mon matériel de scribe et mes affaires personnelles. Voila cette misérable histoire. Je n'aime pas à la raconter, parce que je ne peux le faire sans ressentir un inexprimable agacement. [...]
[...] Et il a fini par avoir un panaris tournant à ce doigt-là. Le jour en question, un coup, pas davantage. Un grand coup long, droit, irritant à force d'assurance. M. Jacob sort de derrière sa demi-cloison; il sort de ce réduit où il se tient comme un cheval de course dans son box. Il vient décrocher l'appareil et, selon sa coutume, il s'accote, la tête collée contre le mur, où ses cheveux ont, à la longue, laissé une tache grasse. [...]
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