Du Bellay ne connut pas le destin que son nom pouvait lui laisser espérer. Mais, peut-être à cause de sa médiocre réussite sociale, naquit un des plus grands poètes du XVIème siècle : c'est l'un des premiers à utiliser aussi personnellement l'écriture poétique. Pour des raisons professionnelles, Du Bellay découvre la Rome de son temps : il note ainsi au jour le jour ses sentiments -ce qu'il espère trouver, ce qu'il trouve en réalité-, mais il brosse aussi quelques tableaux (...)
[...] Il y a une différence temporelle, une relecture de faits passés. C'est pour cette raison que, malgré plutôt une dichotomie qu'une division, les strophes se rappellent entre elles : les trois premières strophes se joignent grâce à l'homéoptote des verbes, variante de l'anaphore, c'est-à-dire que ce n'est pas le même mot qui est répété, mais la désinence seulement. Aussi la dernière strophe, certes différente, n'est pas totalement déconnectée des autres : elle semble être une réaction ironique à la seconde, avec les usages respectifs de petit Et Cosi la plus grande vertu et de l'adverbe souvent (v.5/13). [...]
[...] Poésie : sonnet LXXXVI des Regrets (1558), Du Bellay Du Bellay ne connut pas le destin que son nom pouvait lui laisser espérer. Mais, peut-être à cause de sa médiocre réussite sociale, naquit un des plus grands poètes du XVIème siècle : c'est l'un des premiers à utiliser aussi personnellement l'écriture poétique. Pour des raisons professionnelles, Du Bellay découvre la Rome de son temps : il note ainsi au jour le jour ses sentiments ce qu'il espère trouver, ce qu'il trouve en réalité mais il brosse aussi quelques tableaux. [...]
[...] Ainsi, balancer et tête sont à même d'être liés, car ils concernent le concret, le physique, alors que répondre et mots sont similaires car il s'agit du verbe, de l'abstrait, du discours. Mais Du Bellay les disjoint afin de désigner l'amalgame entre moral et physique. Cette remarque doit être mise en rapport avec l'usage de entremêler [des discours] qui a un pouvoir objectivant. Au contraire, alors que la première partie du sonnet était picturale, où les conjonctions de coordination relançait le rythme musical, le second tercet voit son rythme s'accélérer. [...]
[...] La cause courtisane a donc un impact politique, ils s'approprient des évènements et des débats comme des vêtements ; pareillement, il y a un aspect moral, car Du Bellay fait appel à une valeur qu'il personnifie, l'honnête à la façon d'un rôle que vêt le courtisan. Cette réification se poursuit avec l'usage du pronom indéfini devant les discours rapportés, comme des denrées. En fait, ce que réussit à faire Du Bellay, c'est une équivalence entre portraits moral et physique : en plus des remarques précédentes, il faut examiner la rime léonide suivante : vêtu//vertu (v.12/13), le fait qu'il s'agisse d'une paronomase montre bien qu'être et paraître sont confondus. Il établit aussi une correspondance entre portraits singulier et pluriel, entre l'auteur et les courtisans. [...]
[...] La surcharge se termine par l'indice de la présence de Du Bellay, ce qui le met en valeur. C'est pour cette raison que le sonnet est structuré selon une variante du schéma traditionnel, en AbbA/AbbA/CCd/EEd : par les rimes, France est mis en valeur et derrière l'amertume satirique point l'émotion de l'exilé nostalgique. En conclusion, c'est en mettant au premier plan la satire courtisane que Du Bellay fait le mieux son portrait, et la discrétion de ses émotions leur confère encore plus de force. [...]
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