En 1553, le jeune Du Bellay passe son temps à lire ou écrire de la poésie. Son oncle, le cardinal Jean Du Bellay est envoyé en ambassade à Rome auprès du pape ; il persuade son neveu de l'accompagner à titre de secrétaire. Celui-ci est ravi de visiter le centre culturel vers lequel convergent tous les regards à cette époque, d'autant plus qu'il connaît l'italien et a étudié la poésie italienne. Il est très vite accaparé par des activités futiles, déçu par l'atmosphère sulfureuse qui règne dans la cité pontificale et regagnera la France avec dans ses bagages les textes qui ...
[...] Le jeune Du Bellay ne peut être que séduit à l'idée de se rendre en Italie, berceau de La Renaissance. Mais son oncle se sert de lui pour organiser son train de maison et ces activités matérialistes le coupent de la création poétique. Déception et mal du pays finissent par le rendre malheureux ; ses états d'âme et la vie déréglée de la cour pontificale se retrouvent dans un recueil publié en 1558, Les Regrets . Il est soulagé de rentrer en France, mais c'est pour y être bien tourmenté. [...]
[...] A Rome, son oncle lui demandait beaucoup mais ne s'occupait guère de lui. Cette émotion qui clôt le premier quatrain annonce tout le second quatrain. Celui-ci commence par un connecteur temporel, quand qui marque l'impatience. Elle est accentuée par la reprise de en quelle saison et la répétition anaphorique de reverrai-je Cette longue interrogation occupe toute la strophe. La tonalité est pathétique dès le premier vers avec hélas mis en valeur par sa place à la césure et le point d'exclamation ; on peut souligner en outre les sonorités : nous avons un long, prolongé par la sifflante ce qui assimile l'interrogation à une plainte. [...]
[...] Les lieux emblématiques romains sont également démystifiés : le Tibre, le mont Palatin. La préférence du poète pour sa terre est bien représentée par l'emploi systématique du déterminant le pour citer les lieux romains et par l'emploi du déterminant possessif pour citer les lieux gaulois. Enfin, on peut voir dans cette opposition récurrente sur deux strophes le retour de la guerre entre les gaulois et les romains avec le parallélisme de construction du premier vers du second quatrain . Tout cela n'étant d'ailleurs pas dénué d'une certaine ironie. [...]
[...] Néanmoins, c'est bien le lyrisme qui domine ce sonnet où transparaissent déception et tristesse. Mais la dimension affective de ce poème n'exclut pas sa portée satirique. On peut tout d'abord être étonné de la remise en question des charmes du voyage à une époque ou l'humanisme les considère comme l'un des piliers de sa philosophie. En effet, le texte s'ouvre une certaine provocation : le plus grand voyageur est évoqué avec ironie. L'antiphrase un beau voyage veut réduire à peu de choses dix années d'aventures qu'il faut s'empresser d'oublier ; quant à Jason, il n'est même pas nommé, comme si sa conquête de la toison n'avait été qu'un épisode saugrenu, à oublier également. [...]
[...] Cette critique revêt des allures de polémique. D'abord de façon implicite : dans une époque où la religion est omniprésente, on ne dissocie pas la ville de la papauté : critiquer l'une signifie critiquer l'autre. Ensuite avec les allusions à l'orgueil romain dans Que des palais romains le front audacieux ; le mot front est une personnification que l'on peut aussi prendre pour une métonymie : ce sont les romains eux-mêmes qui sont audacieux c'est-à-dire qu'ils ne reculent devant rien. [...]
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