Dans les pièces de Beckett, les personnages souffrent et font souffrir. Il n'est pas question d'une quelconque entraide, d'amour, d'affection, d'amitié, de compassion. On pleure, on se frappe, on s'insulte. Les personnages se fréquentent dans l'unique but de survivre. Ainsi, ils se donnent la réplique car le dialogue, aussi absurde et inconsistant soit-il, demeure nécessaire (...)
[...] Quels réconforts Elle aussi, comme Hamm, a besoin de fortifiant pour résister, enfoncée jusqu'au cou dans le mamelon. Les personnages ont donc besoin de dialoguer, de rituels ridicules, d'habitudes (Winnie s'obstine à se maquiller et à mettre le réveil) et de consolations illusoires pour apaiser leurs souffrances et faire barrage au non-sens de leur existence : L'air est plein de nos cris. [ ] Mais l'habitude est une grande sourdine. remarque Vladimir dans En attendant Godot (p118). - Le tragique du non-sens : Le deuxième type de tragique présent dans la trilogie beckettienne serait celui du non-sens. [...]
[...] La farce cruelle ou comment tourner en dérision sa propre tragédie. - Humour gestuel, jeux de scène comiques : Tout d'abord, l'humour gestuel se substitue dans ces pièces à l'action inexistante. Mais il n'est pas question pour autant d'humour léger. Le comique chez Beckett atteint souvent son paroxysme pour devenir tragique. Le lecteur/spectateur assiste à une lutte continue entre la bouffonnerie et le tragique. En effet, le dramaturge s'exprime ainsi dans les Mirlitonnades, recueil de poèmes composé de 1976 à 1978 : en face le pire en face le pire jusqu'à ce qu'il fasse rire Certaines créatures ressemblent à des clowns : Hamm, Clov, Nell et Nagg sont fardés. [...]
[...] De la même façon qu'on assiste à l'engluement de la volonté, on assiste à l'engluement du langage. Ce dernier ne permet en aucun cas de communiquer et demeure un simulacre. Chacun est dans un isolement profond. Pour les personnages de Beckett, il s'agit de parler pour ne rien dire tenter de se divertir, se donner l'impression d'exister, s'épuiser à combler un vide qui les entoure pour ne pas sombrer dans le néant et la mort. Les mots demeurent leur unique puissance de vie. [...]
[...] Il n'est pas question d'une quelconque entraide, d'amour, d'affection, d'amitié, de compassion. On pleure, on se frappe, on s'insulte. Les personnages se fréquentent dans l'unique but de survivre. Ainsi, ils se donnent la réplique car le dialogue, aussi absurde et inconsistant soit-il, demeure nécessaire : Dans Fin de Partie, nous pouvons lire 79/80) : Clov- A quoi est-ce que je sers ? Hamm - A me donner la réplique. De plus, Beckett sait parfaitement nous retranscrire la souffrance de ses personnages qui perdent peu à peu leur humanité. [...]
[...] Estragon - C'est pour ne pas penser. [ ] Vladimir - Dis quelque chose ! Estragon - Je cherche. Long silence. Vladimir (angoissé) - Dis n'importe quoi ! Le tragique beckettien est donc à rechercher dans l'insignifiance même de la condition humaine. L'homme n'est qu'une grande aberration. - Le tragique comme péché d'être né : Le troisième et dernier type de tragique à relever dans ces pièces est celui du péché d'être né Les personnages beckettiens demeurent coincés entre deux néants. [...]
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