Dans son œuvre Méditations métaphysiques, Descartes refuse le recours à l'imagination : « Je remarque outre cela que cette vertu d'imaginer qui est en moi, en tant qu'elle diffère de la puissance de concevoir, n'est en aucune sorte nécessaire à ma nature ou à mon essence, c'est-à-dire à l'essence de mon esprit ». Mais l'imagination demeure une vertu. Plusieurs écrivains ont toutefois défendu l'aptitude à imaginer, notamment Cervantès dans son œuvre Don Quichotte. Cependant, l'éloge des puissances de l'imagination dans cette œuvre est paradoxal. Quels sont donc les éléments qui mettent en valeur l'éloge et comment paraît le paradoxe dans l'histoire de Don Quichotte ? Il est d'ailleurs clair que même si l'imagination est une fuite du réel, elle peut paraître – sans l'être réellement dans cette œuvre – source de désillusions.
[...] En effet, un individu atteint de folie n'assume pas sa folie selon la sagesse populaire : Fou je suis et fou je serai jusqu'à ce que tu reviennes Don Quichotte a fait le chois de sa folie. C'est ainsi que Cervantès considère l'imagination comme un choix, fruit d'une prise de conscience. Cependant, l'éloge paradoxal des puissances de l'imagination dans Don Quichotte laisse apparaître une dimension critique de l'ouvre. Cervantès dresse en effet un tableau critique de la société de l ‘époque (notamment du rôle de l'Eglise) qui ignorait les puissances de l'imagination et les romans de chevalerie car elle y voyait une remise en question des croyances traditionnelles. [...]
[...] Le comique dans Don Quichotte est une sorte de psychanalyse du rire puisque ce comique se fonde sur le burlesque et sur l'ironie. Don Quichotte confond par exemple les moulins et les géants, les chevaux et les destriers arabes de race pure. Même si Cervantès présente l'imagination dans Don Quichotte comme source de libération, elle peut être, par ailleurs, source de désillusions et de chutes successives. L'imagination est parfois source de frustration. Cette frustration provient généralement de la distance existant entre réel et irréel. [...]
[...] Don Quichotte défend ses illusion même devant son compagnon Sancho Panza : Il me suffit donc de décider et de croire que la bonne Aldonza Lorenzo est belle et honnête ; Peu importe qu'elle soit ou non de haute naissance ( ) Quant à moi, je la tiens pour la plus noble princesse du monde Si nous rejetons l'imagination de Don Quichotte dans l'œuvre, nous adhérons à l'imagination de Cervantès qui a lui-même créé ce personnage. Tout en étant parfois imitation, l'imagination est source de libération. C'est sa puissance d'évocation qui est mise en jeu. Elle permet d'aspirer à un idéal qui serait un refuge. Elle se nourrit de sens et de perceptions du réel et nous permet de nous projeter dans cet idéal. [...]
[...] Cependant, l'éloge des puissances de l'imagination dans cette œuvre est paradoxal. Quels sont donc les éléments qui mettent en valeur l'éloge et comment paraît le paradoxe dans l'histoire de Don Quichotte ? Il est d'ailleurs clair que même si l'imagination est une fuite du réel, elle peut paraître sans l'être réellement dans cette œuvre source de désillusions. L'imagination naît d'un désir de changement. L'irréel est un refuge face au réel qu'on tente de fuir. L'imagination est, par conséquent, source de bonheur. [...]
[...] Mais cette idée s'oppose fortement aux croyances communes s de l'époque. Cervantès remet donc en question le fondements de la société de l'époque. C'est ainsi que Cervantès a créé une œuvre faisant un éloge paradoxal des puissances de l'imagination en s'appuyant sur une contradiction entre l'imagination en tant qu'échappatoire d'une part et l'imagination en tant que source de confusion d'autre part. Pour Cervantès, comme pour Baudelaire, l'imagination a aussi pour vocation de créer un monde nouveau . riche de tous ses contraires. [...]
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