Le plus frappant des procédés comiques est toujours le plus simple, c'est le comique de geste. En effet, Sganarelle, pendant l'énonciation de sa tirade, gesticule sans arrêt, dans tous les sens, il présente les parties de son corps comme des machines formidables magnifiquement agencées, ce qui peut déjà porter à sourire, mais il procède de plus à une accélération dans son discours qui peut amener à croire qu'il fait de même dans sa gestuelle (...)
[...] Cependant, le manque de précision de Sganarelle à propos l'intelligence supérieure à l'origine de la Création entretient le non-dit et ne permet pas d'affirmer avec assurance que Sganarelle représente aussi l'Eglise. Cela induit donc une nécessité d'interprétation. Nous verrons dans cette dernière partie que cet extrait de Dom Juan cache une satire à double tranchant, l'une du peuple, l'autre, développée plus finement, de l'Eglise et des dévots. Tout d'abord, nous avons vu que le personnage de Sganarelle présentait toutes les qualités, ou plutôt les défauts d'un homme du peuple : la grossièreté du langage, la superstition et l'ignorance. [...]
[...] Cependant, ce discours est laissé sans conclusion, en effet, Sganarelle n'a pas atteint son but, celui de convaincre Dom Juan du bien-fondé de la théorie catholique sur la Création, ce qui met le personnage de Dom Juan dans une position dominante sur son valet Sganarelle. Enfin, nous pouvons terminer en remarquant que Molière, après sa critique directe des dévots dans Tartuffe qui avait été interdit dès le lendemain de sa première représentation, réitère une nouvelle fois sa critique des dévots avec Dom Juan, mais d'une manière plus détournée et subversive pour contourner la censure. Malgré cela, la pièce sera interdite deux semaines après sa première représentation. [...]
[...] Cette attitude fait ressortir une sorte de vantardise inappropriée chez le personnage ridicule de Sganarelle, qui fait sourire le spectateur. Le comique de caractère passe aussi chez le personnage de Dom Juan par son attitude. En effet, Dom Juan se moque indirectement de Sganarelle par son silence narquois. La raillerie de Dom Juan passe donc par le non-dit et installe une complicité entre Dom Juan et le public. Nous avons vu que Sganarelle était un personnage comique, autant par ses gestes que par ses mots. [...]
[...] La scène 1 de l'acte III présente une sorte de dispute entre Dom Juan et son valet Sganarelle. Cette scène permet à Molière de faire passer un message satirique de la manière la plus fine possible. Nous montrerons tout d'abord que ce texte revêt une dimension comique, nous étudierons ensuite le discours de Sganarelle à Dom Juan, et nous verrons enfin que cette scène développe une satire à double tranchant. Nous aborderons dans cette première partie les procédés employés par Molière pour faire rire le spectateur. [...]
[...] Nous étudierons donc dans cette seconde partie le déroulement et le contenu du discours de Sganarelle. Dans la première phase de son discours, Sganarelle procède à un interrogatoire méthodique de Dom Juan. En effet, il interroge son interlocuteur par de courtes interrogations sur des questions de croyances. Il cherche à percer le secret de ses "pensées". Par la qualité de ses questions, Sganarelle dévoile sa croyance profonde en les valeurs religieuses, tout particulièrement avec la première question qu'il pose à Dom Juan à la ligne 65 : "Est-il possible que vous ne croyiez point du tout au ciel Cette question, presque rhétorique, montre que pour lui, il est impensable qu'un homme ne croie pas "au Ciel", c'est-à-dire en Dieu. [...]
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