Molière, célèbre comédien et metteur en scène du XVIIème siècle, mais surtout dramaturge classique de renom, connu pour mettre en scène la critique des vices de son temps, prend un engagement libertin à travers la comédie baroque en 5 actes intitulée Dom Juan parue en 1865. C'est dans l'Acte I scène 2, scène d'exposition de l'oeuvre que l'on voit apparaître pour la première fois le personnage de séducteur qu'est Dom Juan. On ne connaît celui-ci que par le portrait, plutôt dépréciatif, brossé par son valet Sganarelle dans la scène précédente, qui le décrit tel un "épouseur à toutes mains, pourceau d'Épicure et grand méchant homme". C'est par une longue tirade argumentative que Dom Juan va tenter d'exposer son mode de vie épicurien basé sur la réalisation de ses désirs et de son plaisir, en expliquant sa philosophie de l'amour (...)
[...] Pour Don Juan, ne pas séduire serait un véritable outrage. Il ajoute par ailleurs que l'avantage d'être rencontrée la première, ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu'elles ont sur nos cœurs (l9).C'est à dire que Dj ne conçoit pas l'attachement permanent à une seule et même personne, car il est persuadé que ce ne serait ce qu'une injustice pour les belles (l15) rencontrées ensuite. Cette notion est amenée par la présence des mots justes (l11) et injustice (l15) grâces auxquels il tente de justifier son infidélité. [...]
[...] Don Juan apparaît donc comme un personnage insoumis et libertin qui ne conçoit l'amour que dans le changement. Il se sait séduisant et aime plaire, et se place en victime de l'amour par lequel il se laisse entrainer, succombant aux charmes des belles. Sa recherche constante du plaisir, basée sur la philosophie épicurienne, fait que sa stratégie amoureuse est celle d'un conquérant, qui ne peut se voir refuser aucun triomphe. [...]
[...] Selon lui tout le plaisir de l'amour est dans le changement (l.23). C'est cette thèse de style baroque, contraire à l'esprit classique qui condamne la passion, qu'il va s'efforcer de défendre le long de son extrait. Il va donc avoir recours à différents arguments pour étayer la présentation de sa philosophie. Tout d'abord, ce dernier ne peut se contenter d'une seule femme, et expose dans sa tirade argumentative que l'infidélité est une juste loi de la nature, puisque la vocation de l'homme est de séduire et non de rester fidèle. [...]
[...] On peut en effet dire que ce personnage se lasse très rapidement, car dès qu'il en est maitre une fois, il n'y a plus rien à dire n'y rien à souhaiter c'est-à-dire que sa volonté de nouveauté réapparait. Pour lui la séduction est un jeu, qu'il envisage comme un combat : dès qu'une femme est conquise celle-ci ne l'intéresse plus. On s'aperçoit d'ailleurs rapidement, que les femmes sont toutes considérées comme de proies, et qu'il joue à un jeu avec elles, les laissant victimes de son charme. Cependant tout cela est induit, car au fil du texte Don Juan, se présente plus lui-même comme une victime. [...]
[...] Cependant, il s'y place comme une victime qui se laisse entrainer par la grâce des femmes, c'est-à-dire que c'est la beauté qui le ravit et c'est sur elle qu'il reporte toute la responsabilité, car il ne peut résister à la tentation. Le mariage est donc la voie la plus facile pour arriver à la possession physique. Mais c'est malgré tout un séducteur, qui se doit de conquérir toutes les belles passant à sa portée. La conquête amoureuse est comparée à une conquête militaire, où plus la victoire s'avère difficile, plus le triomphe devient grand. Il se livre alors à une quête du plaisir, à travers sa conquête des femmes qu'il compare à une bataille. [...]
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