Lecture analytique de la seconde scène du premier acte de "Dom Juan" de Molière. Cette lecture aborde trois points : le brillant plaidoyer du protagoniste, le caractère choquant du non-conformisme et l'éloquence séduisante.
[...] Lecture analytique Dom Juan de Molière Acte 1 scène 2 Sujet : Dom Juan est-il choquant ou séduisant ? INTRODUCTION Dans la deuxième scène du premier acte de Dom Juan de Molière (1622-1673), Dom Juan expose ses principes sur l'amour dans une longue tirade où il fait l'éloge paradoxale de l'inconstance. En réaction aux remontrances de Sganarelle sur son infidélité, Don Juan cherche donc à convaincre son valet du bien-fondé de son comportement en construisant un véritable plaidoyer ; bien que défendant une thèse totalement paradoxale, Don juan trouve le moyen de séduire * * * Don Juan cherche donc à plaider sa cause afin de convaincre de la véracité de sa philosophie : tout le plaisir de l'amour est dans le changement Pour cela, il se lance dans une longue tirade organisée selon un plan marquée par son unité mais surtout par sa progression logique. [...]
[...] Tu veux qu'on se lie mais le tu est vite remplacé par le nous : toutes les belles ont le droit de nous charmer ; cette douce violence dont elle nous entraîne quand il explique que son comportement est juste et naturel : les tributs où la nature nous oblige Puis, avec l'utilisation de la marque impersonnelle on il généralise son discours et montre sa stratégie : On goûte une douceur extrême et enfin, il donne son exemple personnel : J'ai sur le sujet l'ambition des conquérants Don Juan est un véritable orateur ; en effet il interpelle au début son interlocuteur par des exclamations et des questions indignées : Quoi ? Tu veux qu'on se lie à demeurer, qu'on renonce au monde, qu'on n'ait plus d'yeux pour personnes ? [...]
[...] Don Juan apparaît ici comme un être totalement égocentrique, un hédoniste qui ne pense qu'à son propre plaisir, à sa propre victoire. La profusion du champ lexical de la guerre et du combat peut choquer : réduire ; progrès ; combattre ; rendre les armes ; vaincre ; honneur ; conquête ; triompher Don Juan choque aussi quand il tente de se poser en victime ; en effet, selon lui, il n'est qu'un être passif qui ne peut résister à la beauté, c'est donc la faute des femmes s'il est infidèle : la beauté me ravit [ ] je cède facilement à cette douce violence dont elle nous entraîne Cette attitude choquante est appuyée par la fin de la tirade avec la comparaison avec Alexandre le Grand (modèle du conquérant) qui montre que Don Juan est un être mégalomane qui agit avec démesure ; démesure amplifiée par de nombreuses hyperboles : Un beau visage me le demande, si j'en avais dix mille, je les donnerais tous ; Je me sens un cœur à aimer la Terre * * * Le but de Don Juan est de séduire ceux qui l'écoutent, pour cela il faut qu'il soit convaincant. [...]
[...] * * * Le discours de Don Juan est donc choquant par son non-conformisme ; en effet, il bouleverse les codes de la morale en dénigrant la fidélité, la constance avec des marques de jugements dépréciatifs. Il se moque des fidèles de façon agressive : la constance n'est bonne que pour des ridicules ; par des métaphores avec la mort et le sommeil, il montre le caractère extrêmement ennuyeux et contraire à la vie d'un tel comportement : de s'ensevelir pour toujours dans une passion, et d'être mort ; nous nous endormons dans la tranquillité d'un tel amour [ ] ne vient réveiller nos désirs L'utilisation de l'ironie achève de montrer le caractère absurde d'une telle vie : La belle chose de vouloir se piquer d'une faux honneur d'être fidèle Pour Don Juan, l'amour est associé à une bataille dont il veut être le vainqueur car seul le maintien de l'esprit de conquête lui permet d'être heureux. [...]
[...] Il justifie son comportement en invoquant le fait qu'il veuille rendre justice et satisfaire les droits de la femme. Pour lui un être fidèle fait injure à la beauté des autres femmes : toutes les belles ont droit de nous charmer [ ] ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu'elles ont sur nos cœurs De plus, cette attirance n'était-elle pas tout ce qu'il y a de plus naturelle ? : Je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d'aimable Don Juan fait preuve d'une grande éloquence ; il utilise un langage soutenu digne de l'aristocrate qu'il est : les tributs où la nature nous oblige et son plaidoyer retentit comme de la poésie avec l'usage de nombreuses figures de styles, tels des périphrases et des synecdoques : cette douce violence ; dès qu'un beau visage me le demande Sa revendication du droit au plaisir est aussi séduisante ; en effet, c'est un être optimise qui ne demande qu'à voir la beauté et la douceur du monde ; avec la profusion du champ lexical de la beauté et de la douceur : belles ; charmer ; beauté ; douce ; aimable ; désirs * * * CONCLUSION Dans cette scène, le portrait moral de Don Juan se précise ; en effet, après le portait effectué par le valet, Don Juan nous explique lui-même sa manière de vivre et bien que celle-ci soit choquante par bien des points, son habileté à manier le discours et son intelligence en font un personnage séduisant. [...]
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