Quelques mois avant d'entreprendre Dom Juan, dans la suite du Tartuffe censuré, Molière écrivait : "le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant, j'ai cru que dans l'emploi où je me trouvais je n'avais rien de mieux à faire que d'attaquer, par des peintures ridicules, les vices de mon siècle". Les modifications entreprises par Molière par rapport au Festin de pierre visent très certainement à rajeunir le thème, en l'actualisant et en le nationalisant.
De plus Molière tient à donner à Dom Juan une certaine dimension comique. Dans la chronologie des oeuvres de Molière, il est important de constater que Dom Juan (1665) se situe après Tartuffe (1664) et avant Le Misanthrope (1666). On peut alors considérer ces 3 oeuvres comme une sorte de trilogie dans laquelle Molière laisse refléter ses préoccupations morales, sociales et religieuses (...)
[...] Don Juan n'est pas un athée mais un pécheur. La pièce de Tirso de Molina inspire plusieurs auteurs italiens, en particulier Biancolelli: en 1658, il rédige une sorte de canevas des aventures de Don Juan sur lesquelles les acteurs vont improviser leurs dialogues et leurs gestes. Les éléments fantastiques de la pièce espagnol (la statue du commandeur, tué par don Juan l'invite à diner) sont maintenus mais les péripéties amoureuses de Don Juan prenaient une dimension farcesque. En 1658, Dorimond écrit Le festin de pierre ou l'athée foudroyé. [...]
[...] En dépit de sa supériorité sociale, Dom Juan à besoin de Sganarelle. Il ne s'en sépare que rarement au cours de la pièce. Sganarelle est son homme de confiance et de renseignements. Il l'informe notamment de son entrevue avec Gusman. Dom Juan n'hésite pas à lui demander son avis: "Eh bien! je te donne la liberté de parler et de me dire tes sentiments " . Dépendant l'un de l'autre, Dom Juan et Sganarelle ne sont pour autant pas toujours en accord l'un avec l'autre. [...]
[...] Le mot "objet" par exemple désigne la personne aimée en style galant et l'expression "se piquer de " appartient à un registre élevé de langue. Le rythme des phrases transmet une impression d'harmonie. Sa tirade s'apparente à la poésie avec une découpe octosyllabique l1 à 8. Ce rythme endort la conscience critique. Dom Juan sait également toucher l'esprit et l'imagination. Il utilise des comparaisons. Le texte comprend deux catégories principales d'images : la première qui associe l'amour à la guerre, la seconde celle d'un plaidoyer. [...]
[...] Il commence d'ailleurs sa tirade par des exclamations et interrogations. Nous avons une véritable abondance des verbes "goute" "voir" "fait" "combattre" "forcer" . Grand seigneur, méchant homme C'est par cette profession de foi libertine, ce portrait d'un immoraliste, ce morceau de bravoure que ce texte apporte un éclairage essentiel sur le héros qui apparait comme un grand seigneur méchant homme qui revendique fermement sa liberté et fait de l'amour un art de vivre et le moyen de dominer les autres. Dom Juan est un grand seigneur. [...]
[...] La situation de Dom Juan reflète ainsi la jeune noblesse française sous Louis XIV. Ce souverain autoritaire en forçant les nobles à une obéissance absolue, les place en position de soumission dans laquelle tout idéal morale s'avère inutile et même dangereux. L'honneur, la gloire, la vertu sont des mots du passé qui perdent peu à peu de leur signification et de leur intérêt. Ainsi il est révélateur que ce soit Don Louis, père de Dom Juan, qui les emplois encore. [...]
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