Tout d'abord, Dom Juan émet une critique de la thèse adverse, à savoir la fidélité par-dessus tout. Le vocabulaire utilisé est poignant ; on peut admettre que ses phrases prennent une tournure hyperbolique : "tu veux qu'on se lie à demeurer", "qu'on renonce au monde pour lui", "se piquer d'un faux honneur d'être fidèle", "s'ensevelir", "d'être mort dès sa jeunesse" sont une gradation progressive vers le thème de la mort, ce qui prouve entièrement que fidélité est synonyme d'oppression, d'ennui et de mort. Avec la métaphore du sommeil notamment, on comprend qu'il veut montrer que la fidélité est comme la mort en amour : "nous nous endormons dans la tranquillité d'un tel amour". Il use même d'ironie en employant l'antiphrase à valeur ironique "la belle chose". Ainsi, pour Dom Juan, la fidélité n'est pas naturelle, elle est imposée par la société (...)
[...] En effet, il se croit plus supérieur aux autres, notamment lorsqu'il dit ridicules Puis, il se sent indispensable aux femmes : toutes les belles ont le droit de nous charmer Il est en fait narcissique et pense qu'il pourra faire tomber n'importe quel cœur et qu'il pourra progresser dans sa manière de séduire les petits progrès qu'on y fait Enfin, à la fin de la tirade, il s'assimile à un conquérant militaire, aussi grand qu' Alexandre le Grand. Tous les procédés d'amplification qu'il utilise font tout à fait ressortir sa mégalomanie. De plus, c'est un homme épris d'une liberté absolue. En effet, se lier montre la répugnance qu'il éprouve envers la fidélité. Il ne supporte pas de rester avec une même personne pendant une longue durée. [...]
[...] Enfin, Dom Juan peut être qualifié d'hypocrite (notons que ce terme vient du grec comédien Il sait parfaitement bien jouer la comédie de l'amour. Il emploie les mots soupir et transport C'est une sorte de procession amoureuse chronique : il joue le même jeu de femme en femme. Progressivement, il avance comme dans un jeu, case par case, en menant doucement là où on veut [ ] faire venir le pion. Dom Juan n'est autre qu'un libertin cruel, désireux de corrompre les jeunes beautés et l' innocente pudeur d'une âme Il fait croire à ces proies faciles qu'il les aime mais en fait, il se satisfait d'abord et les jette comme une bouteille à la mer une fois qu'il les a consommées ) Elégance du plaidoyer. [...]
[...] La fidélité et le mariage sont d'abord impliquées dans les images fortes de l'entrave, de l'immobilité : se lier à demeurer expression redondante qui évoque la prison, mais aussi la vie de célibat monastique qu'on renonce au monde Par la suite, il s'inclut dans sa tirade. Avec pour moi il donne son opinion en ce qui concerne la séduction. Il veut prouver que ce qu'il dit a de l'importance et n'hésite donc pas à employer l'oxymore douce violence Cette tirade constitue donc la suite de l'exposition, l'approfondissement du personnage. [...]
[...] Les conquêtes amoureuses sont pour Dom Juan très agréable et lui permettent de compenser l'inéluctabilité du temps. Par la suite, il défend son inconstance par le fait que les femmes soient attirées par lui : ce sont leur faute, pas la sienne. Enfin, l'art de l'amour se traduit par un certain attrait pour l'art de la guerre. En effet, la femme est présentée comme un adversaire, étant donné qu'il souhaite, entre autres, réduire une jeune beauté On observe du vocabulaire militaire tel que combattre rendre les armes vaincre conquête à faire En fait, Dom Juan assimile l'amour à une bataille en se référant à Alexandre Nous retrouvons une métaphore filée de la conquête militaire. [...]
[...] Dom Juan utilise donc maints procédés stylistiques afin de faire cet éloge paradoxal. Dès le début, il sort un Quoi ! qui montre particulièrement son étonnement suscité par la dernière réplique de Sganarelle qui n'est autre que je trouve fort vilain d'aimer de tous côtés comme vous faites On comprend dès lors qu'il est tout à fait contre les idées de son valet. Puis, il fait une anaphore de qu'on qui introduit à chaque fois des sentiments de privation induite par la fidélité, comme par exemple renoncer Le fait que la phrase soit interrogative (question de réthorique) révèle un certain dynamisme qui laisser penser que Dom Juan veut éblouir en quelque sorte son valet. [...]
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