Commentaire composé du classique "Dom Juan" de Molière en son acte premier, scène 2. La doctrine de Don Juan en amour : liberté absolue et inconstance orgueilleuse.
[...] Rappelons que l'aristocratie a perdu après la Fronde, complot manqué de la noblesse contre l'Etat, une partie de ses prérogatives habituelles en matières de guerre et de diplomatie. Louis XIV, pour domestique les grands seigneurs naturellement rebelles à la monarchie absolue, les a transformés en courtisans inoffensifs dans la prison dorée de Versailles. La littérature et la galanterie devinrent alors des compensations grâce auxquelles ils pouvaient en partie assouvir leur volonté de puissance. B Un portrait du libertin Cette profession de foi sur l'amour nous permet aussi de nous faire une idée plus précise de la personnalité du libertin. I-Liberté absolue, instabilité perpétuelle. [...]
[...] S'attacher durablement à une femme devient dans la bouche de Don Juan s'ensevelir pour toujours dans une passion et être mort dés sa jeunesse Un cœur ne lui suffit pas, il en voudrait dix mille De même, il ne saurait se contenter de l'amour de quelques femmes, il se sent un cœur à aimer toute la terre ; bien plus, il est prêt à faire la conquête amoureuse d'autres mondes Ces hyperboles manifestent la mégalomanie et le fol orgueil du personnage. II-Energie verbale Don Juan enfin sait communiquer pas les mots son énergie et sa joie de vivre. Sa phrase est tonique. Il attaque vivement sa tirade par des exclamations et des interrogations : Quoi ! [...]
[...] D'une façon provocante, il remet en cause les règles morales traditionnelles et notamment le mariage qui consacre socialement l'amour : Quoi ! tu veux qu'on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu'on renonce au monde pour lui, te qu'on n'ait plus d'yeux pour personne ? En disant cela il pense à sa femme Elvire qu'il vient de quitter et à qui il va devoir rendre des comptes. Mais ce désir de liberté totale a pour conséquence une instabilité et une insatiabilité sans répit. [...]
[...] Enfin il n'est rien de si doux que de triompher de la résistance d'une belle personne, et j'ai sur ce sujet l'ambition des conquérants, qui volent perpétuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits. Il n'est rien qui puisse arrêter l'impétuosité de mes désirs: je me sens un cœur à aimer toute la terre; et comme Alexandre, je souhaiterais qu'il y eût d'autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses. SGANARELLE: Vertu de ma vie, comme vous débitez! Il semble que vous ayez appris cela par cœur, et vous parlez tout comme un livre. DOM JUAN: Qu'as-tu à dire là-dessus? SGANARELLE: Ma foi! [...]
[...] La belle chose de vouloir se piquer d'un faux honneur d'être fidèle [ ] ! Homme d'action, sa volonté et son allégresse s'expriment principalement par l'abondance des verbes : On goûte une douceur extrême à réduire par cent hommages le cœur d'une jeune beauté , à voir de jour en jour les petits progrès qu'on y fait, à combattre par des transports, par des larmes et des soupirs, l'innoncente pudeur d'une âme qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu'elle nous oppose, à vaincre les scrupules dont elle se fait un honneur, et la mener doucement où nous avons envie de la faire venir Il est difficile après cela de ne pas être séduit par son brio, même si sur le fond, on le désapprouve. [...]
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