Le lecteur d'une autobiographie peut croire à bon droit qu'il est en face de la vérité d'abord dans la mesure où l'autobiographie repose sur l'identité entre auteur, narrateur et personnage, réunis sous le même nom propre ; ainsi Rousseau, dès le début de son oeuvre, décline son identité en précisant son origine : « Je suis né à Genève en 1712, d'Isaac Rousseau, Citoyen, et de Suzanne Bernard, Citoyenne. » L'autobiographe apparaît dès lors comme le greffier d'une réalité préexistante, dont il dresserait le procès-verbal (...)
[...] précis de transformation). De la même manière, Augustin réécrit l'histoire de sa vie passée à la lumière de sa conversion pour faire œuvre de prosélytisme, c'est-à-dire pour engager autrui à se convertir comme lui. B. La vérité du roman Même dans les romans non autobiographiques transparaît le moi profond de l'auteur, et peut-être d'autant plus librement que l'auteur peut s'abriter derrière son personnage. L'auteur se projette en effet, volontairement ou non, dans ses personnages, ce qui aurait fait dire à Flaubert Madame Bovary, c'est moi De la même manière, Gide, à travers le pasteur de La Symphonie pastorale, découvre la mauvaise foi dont il fait preuve dans ses amours homosexuelles. [...]
[...] Ainsi, si Chateaubriand compose dans ses Mémoire d'outre-tombe un autoportrait flatteur, du moins révèle-t-il son orgueil et son désir de proposer au lecteur sa vie comme modèle. Par exemple, quand il raconte sa rencontre avec Washington, qui n'eut pourtant jamais lieu, on voit bien la volonté de magnifier sa vie, l'incapacité de cet auteur à se satisfaire de son expérience vécue : ce mensonge autobiographique est donc producteur d'une vérité sur la personnalité de Chateaubriand. CONCLUSION : 1. Réponse à la question : roman et autobiographie ne sont pas à opposer en ce qui concerne la vérité car il est tout aussi impossible de dire entièrement son moi (rêve de l'autobiographie) que de le taire complètement (rêve du roman). [...]
[...] Dans ce fameux début des Confessions, qui sont considérées souvent comme le prototype de l'autobiographie en France, Rousseau revendique même haut et fort vouloir montrer à [ses] semblables un homme dans toute la vérité de la nature De même, le grand admirateur de Rousseau qu'est Nicolas Restif de La Bretonne (libertin invétéré, mais réformateur idéaliste) écrit au début de son autobiographie : L'exactitude et la sincérité sont absolument nécessaires, puisque je dois anatomiser le cœur humain sur mon sens intime, et sonder les profondeurs du moi. ( ) Je serai vrai, lors même que la vérité m'exposera au mépris. (Monsieur Nicolas ou le cœur dévoilé, 1797). Dans son œuvre Le Pacte autobiographique, le théoricien de l'autobiographie Philippe Lejeune appelle pacte autobiographique l'acte par lequel l'auteur d'une autobiographie s'engage à relater avec sincérité des événements réels de sa vie. Et en effet, nombreux sont les lecteurs qui, avec un certain voyeurisme, lisent les récits de la vie dans l'espoir d'y satisfaire leur curiosité. B. [...]
[...] Les Fleurs du mal de Baudelaire) sont souvent l'occasion de l'expression du moi intime de l'auteur et les pièces de théâtre traduisent tout aussi bien les obsessions d'un auteur (cf. la lecture psychanalytique de l'œuvre de Racine par le critique Charles Mauron dans L'inconscient dans l'œuvre et la vie de Racine). B. Des mensonges producteurs de vérité aussi bien dans l'autobiographie que dans le roman Le point commun entre le roman et les autobiographies en ce qui concerne la vérité, c'est que dans tous les cas, ce qu'invente l'auteur permet d'exprimer une vérité. [...]
[...] François Mauriac relativise lui aussi la part de vérité présente dans les autobiographies en écrivant dans Commencements d'une vie (1932) : ( . ) nos romans [n']expriment[-ils pas] l'essentiel de nous-mêmes ? Seule la fiction ne ment pas ; elle entrouvre sur la vie d'un homme une porte dérobée, par où se glisse, en dehors de tout contrôle, son âme inconnue. En vous appuyant sur des exemples précis tirés de vos lectures personnelles de romans et d'œuvres autobiographiques quelles qu'elles soient, vous discuterez le point de vue d'André Gide et de François Mauriac en vous demandant si la part de vérité est plus grande dans le roman ou dans l'autobiographie. [...]
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