Dissertation sur le sujet : Quel est donc le rapport qui s'établit entre le texte de théâtre et la représentation ? Dans l'Antiquité, le public venait voir des tragédies qu'il connaissait déjà, préférant le plaisir de la mise en scène redécouverte à celui du texte découvert.
[...] On peut tout d'abord l'affirmer pour des raisons pratiques et matérielles. Aller au théâtre suppose que l'on réunisse un certain nombre de conditions : être en ville, avoir les moyens financiers de payer une place de théâtre, ne pas se trouver devant un guichet qui affiche complet etc Certains, d'ailleurs, ne goûtent pas beaucoup les représentations et Charles Dantzig, dans son Dictionnaire égoïste de la littérature française affirme : Lire le théâtre épargne les mises en scène et le public qui bouge, tousse et pousse. [...]
[...] Tout d'abord, c'est lui qui donne vie aux mots et figure toutes les résonances qu'ils peuvent prendre. Lorsque Bérénice se désole à la fin de la pièce sur ses mois et ses années où Titus sera loin de Bérénice, les allitérations en qui scandent le texte sont encore prolongées par le souffle de la comédienne qui traduit ainsi la longueur de la souffrance qui va l'accabler. Dans un autre registre, la tirade des nez de Cyrano de Bergerac est largement passée à la postérité grâce aux envolées, aux gestes de spadassin, à l'impertinence qu'ont ajoutées les différents interprètes, dont Daniel Sorrano, Gérard Depardieu ou Michel Weber. [...]
[...] Roger Planchon, en 1976, met en scène Tartuffe dans un décor baroque, chevaleresque, qui ne correspond pas au monde bourgeois où se situe l'action : en effet une grande statue équestre, blanche, surmontée d'une draperie bleue qui se répand en plis figurant des coquilles occupe le fond de la scène. En 1999, au contraire, Dominique Charpentier, pour la même pièce imagine un décor bourgeois dans des tons grisâtres, sans la moindre élégance, mais à la rigueur presque monacale. On a sans doute, dans la première mise en scène la volonté de représenter le contexte dans lequel est créée la pièce. [...]
[...] Les deux faux précieux qui rendent visite aux deux prétendues précieuses se présentent comme un chevalier et son valet. Le faux chevalier porte donc l'épée bien que rien dans le texte initial ne le mentionne expressément ; va s'en suivre dans cette mise en scène un quart d'heure ou presque au cours duquel le personnage essaie en vain de sortir son épée de son fourreau ; la salle est alors en proie à un continuel éclat de rire qui ne se concentre que sur les efforts du personnage pour sortir cette épée de sa gaine. [...]
[...] Les accessoires participent aux connotations du texte. Par exemple, les bijoux, la coiffure en disent long sur le mental de la reine Bérénice : au début, sûre de sa place auprès de l'empereur Titus, sûre de son amour, elle cultive au maximum son élégance comme peuvent en attester ses cheveux torsadés, relevés et ses bijoux nombreux. Dès qu'Antiochus lui aura annoncé qu'elle doit renoncer à Titus et partir , elle portera les cheveux défaits et n'aura plus la moindre parure ; aucune didascalie ne donne de tels renseignements et les mises en scène ont pourtant souvent opté pour ces signes-là, prouvant bien encore le pouvoir de la matérialisation du texte. [...]
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