Dissertation de littérature sur le sujet : « Peut-on dire que, par les relations entre maîtres et valets qu'elle met en scène, la comédie du XVIIIème siècle soit révolutionnaire ? »
[...] Du reste, homme assez ordinaire ; tandis que moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes Figaro est ici l'anti-Cid, qui déclarait chez Corneille : Mais aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années Il remet totalement en cause la légitimité de la noblesse en refusant d'identifier la qualité et le mérite. [...]
[...] Par exemple, dans la scène 1 de l'acte II, après l'entrée de Suzanne et de la comtesse explicitée par la didascalie initiale, cette dernière déclare : Ferme la porte, Suzanne, et conte-moi tout, dans le plus grand détail et la scène s'achève sur l'arrivée de Figaro annoncée ainsi : On frappe, Suzon Suzanne court ouvrir en chantant. Ah, c'est mon Figaro ! ah, c'est mon Figaro ! Apparemment, Beaumarchais met un grand soin à respecter des règles qu'il juge sans doute efficaces et adaptées à la comédie. II) Le propos révolutionnaire La remise en question de la légitimité des conditions sociales. [...]
[...] Ce faisant, il s'y prend plus comme un valet ingénieux de Molière que comme un maître sûr de lui et tout-puissant. Il dissimule et craint de voir son valet déjouer ses plans, comme en témoigne cet aparté du comte suivi immédiatement d'un aparté identique de Figaro : Le Comte : [ . ] à part.- Je m'emporte, et nuis à ce que je veux savoir./ Figaro, à part. Voyons-le venir, et jouons serré De plus, le valet se permet dans cette scène à la fois de contrer le stratagème du comte et de critiquer férocement la politique que celui-ci lui propose d'étudier un peu sous [lui] et, par voie de conséquence, le noble qui s'abaisse à des pratiques dignes de l'intrigue : Médiocre et rampant, et l'on arrive à tout Pour lui, ce n'est plus le rang ou la naissance qui définit l'homme, mais sa charge ou sa fonction sociale ; c'est pourquoi, tout politique noble ou roturier doit être médiocre et rampant Par ailleurs, à aucun moment, Figaro n'a d'attitude service ou ridicule : il fait ce que Molière interdisait au valet de Don Juan : il raisonne de manière autonome. [...]
[...] La fidélité affichée à la comédie classique Opposition et connivence traditionnelles entre maîtres et valets. Le Mariage de Figaro se présente avant tout comme une comédie et affiche sa fidélité au théâtre classique de Molière. Tout d'abord, les liens qui unissent maîtres et valets, que ce soit dans le conflit ou dans la connivence, sont un héritage de la comédie traditionnelle. Comment ne pas voir dans le valet Figaro l'émule d'un Scapin (Les Fourberies), d'un Sganarelle (Dom Juan), d'une Dorine (Tartuffe) ou d'une Toinette (Le Malade imaginaire), et de tant d'autres valets ou servantes des comédies de Molière ? [...]
[...] Dès le début, Figaro, jaloux, s'en prend au comte et au rang qui, croit-il, lui a permis de pousser Suzanne à le tromper : Non, monsieur le comte, vous ne l'aurez pas . vous ne l'aurez pas. Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! . Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. [...]
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