Dissertation de type universitaire dont le sujet est cette citation de Stendhal :"Au lieu de ce mot tragédies, écrivez : Dialogues extraits d'un poème épique, et je m'écrie avec vous : c'est sublime." Comment concilier le tragique, l'épique et le sublime ?
[...] Ce sont deux pièces écrites, à la demande de Madame de Maintenon pour les jeunes filles nobles de Saint-Cyr. L'épouse morganatique de Louis XIV voulait une pièce dans laquelle l'amour fût banni, quelque chose de religieux qui élevât la pensée et la réflexion de ses pensionnaires. La pratique d'une belle langue leur permettrait ainsi d'effacer, dans leur élocution, le parler patoisant qu'elles avaient apporté de leurs provinces. Racine s'exécute : Esther, jouée devant une partie de la Cour et devant le Roi lui-même, est un succès ! [...]
[...] On l'a écrit : Esther et Athalie apparaissent aussi comme des œuvres didactiques. Elles ont été écrites pour instruire hautement les jeunes filles de saint-Cyr. Ce sont deux œuvres édifiantes, de haute portée morale, qui se veulent servir la cause de Dieu, un dieu vengeur, un dieu cruel, imprégnées d'augustinisme. Elles permettent aussi à Racine, en pierre de touche, de réaffirmer son attachement à Port-Royal et de militer pour que cessent les persécutions menées à l'encontre de certaines religieuses port royalistes. [...]
[...] Joas doit monter sur le trône, il est l'héritier de la lignée davidique. C'est l'hybris démesuré d'Athalie qui cause sa perte. Aux éléments narratifs merveilleux, c'est-à-dire extraordinaires Racine ajoute ses propres ingrédients formels que sont l'utilisation de l'alexandrin, mètre royal, et l'alternance de parties chantées par le chœur qui occupe notamment les scènes 3 et 4 de l'acte I d'Athalie. Il ajoute à cela une technique du personnage caché ; en effet, Athalie est relativement peu présente sur scène au regard de son rôle majeur. [...]
[...] Face à un Roi redoutable, un fier lion dont les yeux font naître les éclats et le courroux, il place une Esther, d'abord timorée, plaintive, et qui stigmatisée et par Mardochée et par sa foi en Dieu affronte son Roi et son époux. Racine ne néglige par les effets : ainsi la prière d'Esther est un moment de recueillement pur le personnage éponyme mais aussi, sans doute, pour le public qui dans la salle vit en symbiose religieuse avec ce qui se passe sur scène, confinant au spectacle théâtral l'atmosphère d'une messe. [...]
[...] Athalie, également, est menacée et dans sa vie et dans son pouvoir. Elle doit rendre compte de ses exactions passées, et en qualité d'usurpatrice, elle doit rendre le trône à celui auquel il est destiné, par décision divine, à Eliacin/Joas. Les règles édictées par Aristote sont donc bien respectées. A celles- là, provenant de fort loin, Racine en ajoute une autre : pour qu'il y ait tragédie, il faut qu'il y ait revirement. Le spectateur devait participer à un coup de théâtre qui faisait rebondir l'intrigue, mais sans, ici, dans le cas des deux pièces qui nous occupent, en pouvoir modifier le dénouement. [...]
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