Analyse du rôle de la parole dans le théâtre occidental par la critique de la citation d'Antonin Artaud : "La révélation du théâtre balinais a été de nous fournir du théâtre une idée physique et non verbale où le théâtre est contenu dans les limites de tout ce qui peut se passer sur une scène, indépendamment du texte écrit, au lieu que le théâtre tel que nous le concevons en Occident a partie liée avec le texte et se trouve limité par lui. Pour nous, au théâtre, la Parole est tout et il n'y a pas de possibilité en dehors d'elle, le théâtre est une branche de la littérature, une sorte de variété sonore du langage (...).".
[...] Par exemple, Daniel Mesguich, dans sa mise en scène de Dom Juan, habille, dans la première scène de l'acte III, Sganarelle selon les clichés de l'infirmière (en blanc avec une grand croix rouge, une perruque blonde et des chaussures à talons). L'effet produit est particulièrement comique et c'est cela qu'a voulu créer Molière en indiquant en didascalie : SGANARELLE, en médecin car pour une personne du 17ème siècle, cela est comique de voir un valet en médecin. On peut également citer Ariane Mnouchkine qui habille Tartuffe comme un intégriste musulman pour rapprocher toutes les formes de fanatisme religieux. On voit donc toute l'importance de la mise en scène et sa variété possible. [...]
[...] De nouveaux principes sont créés comme la "déthéâtralisation", c'est-à-dire l'abandon de tous les artifices techniques dans le théâtre symboliste, la distanciation brechtienne où le public doit être à même de porter un jugement rationnel sur le spectacle. Dans cet océan de nouveauté, Artaud se distingue avec le théâtre de la cruauté. Il s'agit d'ébranler les spectateurs en redéfinissant la frontière qui les sépare des acteurs, en minimisant ou en éliminant le discours pour le remplacer par de simples sons et des mouvements. C'est la première remise en cause de la parole. L'après-guerre a également connu de grands changements et notamment vis-à-vis de l'utilisation de la parole. [...]
[...] Nous verrons enfin la stylisation poétique qui peut être opérée par la parole. L'une des fonctions principales du théâtre est d'offrir un miroir aux spectateurs, de représenter la réalité la plus exacte c'est-à-dire une image révélatrice du monde et de l'homme en particulier dans le théâtre réaliste du XIXème siècle. Cependant, il est clair que la scène ne permet pas de tout reproduire contrairement au cinéma qui donne une illusion quasi parfaite. C'est pourquoi le théâtre est forgé sur une acceptation collective que la scène est réelle : le propre du théâtre c'est d'être réel dans l'irréel (Giraudoux). [...]
[...] Cependant lorsque l'on remet cette citation dans son contexte, on comprend qu'Antonin Artaud apparaît comme un précurseur de la révolution de la parole. On en conclut que la parole a un rôle très important dans le théâtre occidental et que malgré ses évolutions, le texte reste une base solide (succès en librairie même pour les œuvres de Ionesco et Beckett). Cependant la parole n'est pas un élément irremplaçable car les mimes et la gestuelle permettent de le supprimer dans le mimodrame. [...]
[...] L'origine de cette pensée étant sans conteste le traumatisme, la chute de l'humanisme à la sortie de la deuxième guerre mondiale. Antonin Artaud apparaît comme précurseur pour ce théâtre qu'il n'a pas connu (il meurt le 4 mars 1948) mais qui prend appui sur ses textes théoriques. La parole y connait une véritable révolution avec une crise du langage. On peut citer : les platitudes des Smith et des Martin (La cantatrice chauve, Ionesco), les jérémiades et les cris de Bérenger (Rhinocéros, Ionesco), les bégaiements de Vladimir et d'Estragon (En attendant Godot, Samuel Beckett) ou encore les calembours et les loufoqueries de Winnie (Oh ! [...]
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