Les sentiments humains et leurs variantes sont des sujets infiniment exploitables par les auteurs pour leurs variétés. Un des éléments qui permet d'ajouter encore des possibilités de développement est la sincérité, ou non, de ces sentiments, et les conséquences diverses pour le(s) personnage(s) qui prétendent éprouver des sentiments qui ne sont en réalités que factices. A ce propos, Benjamin Constant déclare : « Nous sommes des créatures tellement mobiles, que les sentiments que nous feignons, nous finissons par les éprouver ». Son opinion est donc tranchée, nous tombons nous-mêmes dans le jeu que nous jouons. Mais son avis est-il justifié, pouvons-nous le vérifier, ou a-t-il tort ? C'est ce que nous allons chercher à savoir en observant divers exemples tirés de la littérature ...
[...] Ces deux jeunes gens feignent la séduction, jouent à se faire la cour. Mais très vite, les sentiments réels prennent le dessus, et un véritable amour s'installe entre eux. Ils sont don une parfaite illustration de faux sentiments qui deviennent véridiques. On peut donc observer diverses applications et contre-exemples concernant l'opinion de Benjamin Constant. L'amour est perçu et vécu différemment par chacun, il est donc impossible de prévoir une quelconque réaction, trop de facteurs entrent en jeu pour qu'il existe une règle inviolable quant aux conséquences de sentiments feints. [...]
[...] Prenons tout d'abord un thème évidemment abondamment traité : l'amour. On trouve ici un fourmillement d'exemples. Feindre un sentiment amoureux peut finir par dépasser le jeu et conduire le personnage à de réels élans. Pour corroborer cet argument, citons l'exemple de Valmont, l'un des protagonistes des Liaisons dangereuses roman de Choderlos de Laclos. Valmont joue le jeu de la séduction avec Madame de Tourvel, qu'il s'est fait une mission de séduire, et pour qui il n'a, au départ, aucun penchant. [...]
[...] Ce personnage ne feint pas en amour, mais en société. Il se voit contraint à se conduire comme un bourgeois, à accepter des opinions qu'il ne partage pas, pour se fondre dans le commun de la haute société. Mais en aucun cas il va se laisser convaincre de ce qu'il prétend penser. Il s'agit ici d'un moyen pour nourrir son ambition, et, plus tard, la réaliser. Julien reste fidèle à ses idées et ses convictions, il fait parfaitement la distinction entre ses véritables croyances et l'hypocrisie dont il se sert pour obtenir ce qu'il veut. [...]
[...] Dom Juan prétend ressentir des sentiments amoureux pour chaque femme qu'il rencontre, en épouse un nombre incalculable, et est donc maître dans l'art de la simulation. Cependant, il n'y a pas un cas où, comme le prédit Benjamin Constant, Dom Juan tombe réellement amoureux d'une des nombreuses femmes qu'il a séduites. A travers les exemples de Valmont et Dom Juan, on voit donc bien que, bien que jouant le même rôle de séducteur, les deux hommes réagissent de manière diamétralement opposées. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture