Introduction
1. Shakespeare et le machiavélisme
2. Le théâtre traite de l'homme plutôt que de la théorie
3. Une leçon de pragmatisme
Conclusion
[...] Dissertation Le philosophe Francis Bacon louait Machiavel d'avoir présenté, dans son ouvrage Le Prince, "ce que font les hommes, et non pas ce qu'ils devraient faire". Dans quelle mesure pensez-vous qu'il serait possible d'appliquer cette remarque au Richard II de Shakespeare ? Introduction Lorsque le Florentin Machiavel publia au début du XVIe siècle son manuel de bon gouvernement à l'intention des princes, issu de son expérience de conseiller à la cours des Médicis, le livre fit sensation : Machiavel y décrivait les moyens couramment utilisés par tous les souverains pour conserver le pouvoir, ce que les hommes font vraiment, sans employer la "langue de bois" qui camouflait cette réalité de la politique derrière le discours religieux qui avait alors cours et qui faisait croire que les hommes faisaient toujours ce qu'ils devraient faire. [...]
[...] Le seul sujet de ces pièces politiques, leur thème récurrent, c'est la façon de conquérir un trône et/ou de s'y maintenir. Sur toute la série de rois du XVe siècle que nous suivons dans ses pièces, Richard II, Henry IV, Henry Henry VI, Edouard IV, Edward Richard III, Henry VII, cinq ont conquis le trône, cinq ont été renversés, tous ont eu du mal à s'imposer et à durer. On a écrit que l'œuvre politique de Shakespeare était une gigantesque fresque sur les mille et une façons de conquérir un trône, de le conserver ou de le perdre. [...]
[...] Mais ici encore, la pièce reprend d'une main ce qu'elle donne de l'autre : certes les personnages échappent au déterminisme divin, mais c'est pour mieux se retrouver prisonniers du déterminisme tragique. Des personnages de théâtre ne peuvent, par définition, être autonomes ; et dans le cas présent, leur autonomie est doublement limitée par le double genre de la pièce : pièce historique, qui rapporte les faits du passé, qui a un rapport référentiel à une histoire achevée et connue ; tragédie, qui soumet le héros tragique à un schéma pré-établi. [...]
[...] Cette caractéristique est bien sûr encore plus marquée au théâtre : une pièce de théâtre n'est pas un véhicule abstrait, mais présente les idées et les faits à travers des personnages qui leur donnent vie, comme nous l'avons vu. Le théâtre a pour mission de rendre compte de ce qui se fait et non pas de ce qui devrait se faire, mission d'être, comme le déclare Hamlet, le miroir du monde (Hamlet dit que la mission du théâtre est "to hold the mirror up to nature", dans Hamlet .20) Une pièce de théâtre, quel que soit son genre, n'a pas vocation à être normative ni à imposer des lignes de conduite. [...]
[...] Richard et Bolingbroke peuvent bien se débattre et affirmer leur liberté, ils restent d'une part des personnages dont la vie est consignée dans les Chroniques, et d'autre part des victimes expiatoires des dieux tragiques. Qu'ils agissent comme ils devraient le faire ou non, ces personnages, à la fois historiques et tragiques, restent les marionnettes qui agissent toujours comme le veut le dramaturge. [...]
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