Dissertation de littérature comparée sur le sujet : Les hasards d'une mort prévisible dans ces cinq textes : Pyrame et Thisbé d'Ovide, Tristan et Iseut de Thomas, Roméo et Juliette de Shakespeare, Partage de Midi de Claudel et Tremblement de Terre du Chili de Kleist. Dans ces textes, la mort est associée au hasard. Le hasard, paramètre imprévisible et inconstant joue son rôle dans la mort des amants, et ce, tout autant que la fatalité. Il faut donc tenter de comprendre pourquoi le hasard a-t-il autant sa place dans ces cinq textes. La mort est l'issue, donnée de manière différente, mais fatale : les amants se sont rendus responsables d'un crime et assumeront jusqu'à la fin tous leurs actes.
[...] Roméo voit de ses propres yeux Juliette sans souffle, pourtant vivante. On peut d'ailleurs s'attacher à montrer que le hasard remonte bien avant le drame : le hasard est en fait l'arrivée imprévue de Balthazar qui annonce la mort de Juliette et la lettre de Frère Laurent qui n'arrive pas. De là naît le quiproquo fatal. Le hasard s'incarne dans plusieurs personnages qui sont à un certain niveau responsables de la mort finale. Dans le texte d'Ovide, le hasard est personnifié par une lionne. [...]
[...] Dans Tremblement de Terre du Chili, le hasard prend la forme de la nature de l'homme en société et révèle la tendance de la foule à chercher un bouc émissaire à un malheur inexplicable, à un hasard. Dans ce texte, on peut s'interroger sur la part réelle de hasard : le hasard qui perd les amants est-il celui qui causa le séisme ? En effet, le tremblement de terre recule le moment de la mort de Josefa mais est la cause de l'accusation lancée contre les amants. Le hasard rapproche puis sépare brutalement. [...]
[...] La mort apparaît difficilement comme un thème lié au hasard, puisque finalement, elle est attendue, prévisible, prévue et même annoncée. Le lecteur prend donc en compte dès le début de la lecture le facteur mort par exemple dans le prologue de Roméo et Juliette La mort apparaît comme une fatalité plus que comme un hasard, dont les amants n'ont pas conscience, ou qu'ils choisissent d'ignorer. Cependant, les amants eux-mêmes savent qu'ils courent vers la mort en choisissant leur amant de sorte que la relation semble socialement impossible, en décidant de lutter contre l'ordre établi. [...]
[...] L'amant croit, comme une évidence, que sa bien-aimée est morte, se tue, et indirectement la tue aussi. Dans le texte de Claudel, en revanche, rien ne semble laissé au hasard et à l'imprévu. Pourtant, des signes apparaissent : la bombe, qui justement éclate ce soir-là et le hasard de la mort de l'enfant, coïncidant avec la venue de Mésa, qu'on peut voir comme un funeste présage. Le hasard n'est pas personnifié. La mort des amants a donc pour cause plus ou moins lointaine un ou des hasards. [...]
[...] Le hasard et un motif complexe, tantôt l'allié, tantôt l'opposant des amants, et qui rend le lecteur sensible et l'amène à s'identifier aux personnages l'union dans la mort Nos amants n'échappent donc pas à la mort. Ils la souhaitent même, le plus souvent : Ysé ne supportant pas de vieillie dira : Mais maintenant je ne vieillirai plus ! Maintenant je suis jeune pour toujours !' (p. 155). Juliette veut mourir : un peu de poison peut-être y est-il encore suspendu qui me ranimerait en me faisant mourir (p. 259) ; dans ces vers, die est associé à remedy La mort est attendue, espérée et salvatrice. Dans la mort, les amants ne se trahiront jamais. [...]
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