Dissertation sur le sujet : Pourquoi écrire son autobiographie ? Elle est, comme la définit Ph. Lejeune, « le récit donné pour vrai qu'une personne réelle fait de sa propre vie en essayant de l'expliquer ». A la différence de la biographie ou des correspondances, ce genre littéraire a donc le mérite d'être une exposition de la vie de l'auteur, personnelle et volontaire. Le climat de confiance ainsi préétabli, le lecteur ne se considère pas comme un « voyeur », mais plutôt comme un ami amené à partager les souvenirs et les sentiments de l'écrivain à un certain moment de sa vie. Mais pourquoi celui-ci se lance-t-il dans une telle entreprise ? Qu'est-ce qui peut le pousser à se dévoiler ainsi devant ses lecteurs, ses complices d'un instant ?
[...] Elle s'interroge sur ce manque a priori de l'autobiographie. Cette insertion d'un dialogue de soi à soi tente de rendre plus littéraire le récit rétrospectif d'une vie. Mais les poésies autobiographiques semblent être l'exemple le plus manifeste de la recherche artistique de ce geste d'écriture. Par son essence même, la poésie souligne le caractère esthétique de l'autobiographie. Cendrars, lorsqu'il donne à voir sa vie, par des instantanés du voyage, comme dans son recueil Kodak, cherche bien à faire de sa vie une œuvre d'art. [...]
[...] Et lorsque Ph. Lejeune écrit que L'Age d'Homme est une sorte de kaléidoscope dans lequel Michel Leiris essaye de voir se composer une véritable identité ce spécialiste de l'autobiographie souligne que l'autobiographie s'attarde sur chaque facette de la personnalité de son auteurs pour mener à bien la reconstitution du moi. L'écriture autobiographique apparaît donc comme une mise au point d'une existence, dans le sens optique du mot. L'écrivain, tel un photographe, tente de rendre nettes les images de son passé. [...]
[...] Un auteur éprouve le besoin d'écrire son autobiographie pour plusieurs raisons : faire le bilan de sa vie, se justifier, éclairer des ombres d'ombres, revivre des moments intenses, ou encore laisser une trace après sa mort. Mais quel que soit son objectif, l'écrivain emploie finalement ses données biographiques pour créer une œuvre. Et lorsque nous lisons les Confessions, est-ce vraiment la vie de l'auteur qui nous intéresse ? Ne sommes-nous pas davantage touché par l'esthétique de la rencontre avec Mme de Warens ou par le récit tout particulièrement pittoresque du vol d'une pomme ? [...]
[...] Que ce soit A. Bosquet en écrivant Une mère russe, Annie Ernaux avec la Place ou encore L. Nucléra en dressant le portrait de L'Ami, ils sont tous partis à la recherche d'une personne qu'ils ont connue, chérie et dont ils se souviennent. Ces livres montrent combien il est difficile d'accepter de ne plus revoir un proche. Plus encore qu'un hommage, l'autobiographie permet alors à l'auteur de trouver un confident en la personne du lecteur. Face à sa propre mort, ensuite. [...]
[...] Leiris sont tout autant d'auteurs qui rendent compte dans leurs autobiographies de la catharsis de l'écriture. Cela peut être aussi, comme Angela Davis, pour faire part d'un combat mené contre une injustice, pour susciter une prise de conscience de la part des lecteurs : à une époque où la corruption et le racisme ( ) sont mis à nu, je voudrais donner envie aux gens ( ) de rejoindre cette communauté en lutte ( ) si j'y parviens, je considérerais que cette œuvre en valait la peine. [...]
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