Dissertation portant sur cette citation de M. Bernanos : "Qu'ai-je donc à faire de ces récits autobiographiques ? Ils me laissent de glace : l'auteur y retrouve toujours l'enfant qu'il n'est plus, et moi, lecteur impatient, témoin de ces retrouvailles touchantes, je m'ennuie." Le lecteur endosse-t-il uniquement la place de témoin quand il lit une autobiographie ?
[...] Il n'est pas sollicité et il n'y a donc aucune relation entre l'auteur et son lecteur. Le lecteur endosse uniquement la place de témoin quand il lit une autobiographie ? Pour répondre à cette question, nous verrons en quoi il peut se sentir exclu, puis les limites de cette exclusion. Le lecteur ne se sent pas concerné quand il lit les retrouvailles d'un auteur et de son passé. Le lecteur peut se sentir complètement exclu dans sa lecture d'un texte autobiographique car l'auteur cherche surtout à se redécouvrir. [...]
[...] Il ne veut en aucun cas oublier la moindre chose qui la concerne et le lecteur, captivé peut enfin aider le l'auteur en lui accordant ce pardon. De plus, l'autobiographie est un moyen de ne pas oublier. Les auteurs écrivent aussi pour laisser une trace de leur existence et de ce qu'ils ont vécu. Parfois, l'auteur exige même que le lecteur n'oublie pas ce qu'il va lire. Non pas pour lui, mais pour l'humanité. Car ce qu'il écrit ne concerne pas seulement sa vie, mais la vie. C'est le cas de Robert Antelme, avec son livre l'espèce humaine. [...]
[...] Nous pouvons donc éprouver une difficulté à nous plonger dans son autobiographie et les souvenirs forts qu'il évoque. Cependant, il y a des limites à cette exclusion que peut ressentir le lecteur. Le lecteur est notamment sollicité, dans certains écrits, comme juge. L'auteur de l'autobiographie, confie ses fautes. Le lecteur se retrouve donc en position de juge ayant le pouvoir de pardonner. Dans le livre de ma mère d'Albert Cohen, l'auteur veut se faire pardonner son attitude envers sa mère. [...]
[...] Il lui est donc confié un rôle important, que le lecteur ne manquera pas d'endosser pour la confiance que l'auteur met en lui. Enfin, les sentiments abordés sont universels, et même si la situation est différente, le lecteur retranscrit la scène sur sa propre expérience. Le lecteur et l'auteur sont alors complices, et amenés à éprouver un sentiment commun. Tout cela, est agrémenté du plaisir de la narration qui peut être contagieux pour le lecteur. Le plaisir pris par l'auteur lors de l'écriture est tel, et se ressent tellement que le lecteur ne peut y rester indifférent. [...]
[...] Le lecteur se délecte de chaque mot. C'est le cas pour Enfance de Nathalie Sarraute. Le dialogue avec elle-même étant assez original, on remarque nettement un plaisir d'écriture et un essai continuel de restitution d'un combat intérieur. Donc même si le lecteur n'est pas directement concerné, s'il n'est pas sollicité, il prend plaisir à lire l'autobiographie car il ressent le plaisir de l'auteur. Il est donc possible que lors d'une lecture autobiographique, le lecteur se sente délaissé et qu'il s'ennuie car il y a des passages obligés, des clichés et qu'une œuvre autobiographique est une expérience nombriliste, avec un repli sur soi et un effort d'autoanalyse. [...]
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