Dissertation sur le sujet : "A-t-on jamais parlé comme nous déclamons?" Pour que "l'illusion" du spectateur dure au moins le temps de la représentation, les personnages et les acteurs doivent-ils, au théâtre, s'exprimer et se comporter comme dans la vie ? Les acteurs devraient-ils adopter un langage banalisé, courant et plus "cru" comme c'est déjà le cas dans le théâtre de Ionesco ?
[...] A travers les âges, l'Homme n'a pas toujours été au théâtre pour les mêmes raisons, ainsi dans la Grèce Antique, les pièces étaient surtout politiques, et rentraient dans la vie civique des athéniens. Pourquoi, si nous jouons déjà naturellement des rôles, nous sommes-nous mis à jouer du théâtre ? De façon générale, comme nous le rappelle Aristote dans La Poétique, nous réagissons différemment dans la vie, et face à une œuvre d'art. Un cadavre en décomposition nous horrifie, mais une nature morte nous ravit. Il y a donc un pouvoir propre à la représentation (mimésis), au jeu qui nous permet d'appréhender avec plaisir ce qui autrement nous pose problème. [...]
[...] Il lui faut quelque chose de nouveau, il ne souhaite plus être omnubilé par son train de vie quotidien. Ainsi, les alexandrins, tout poétiques qu'ils sont, permettent cette évasion, et apporte à l'assemblée douceur et mielosité. C'est dans cette mesure que Diderot se retournerait dans sa tombe, et que sa Mirmoza ne pourrait qu'acquiescer le dénouement ci- contre. Il apparaît donc qu'en définitive, quoi que l'on puisse en penser, le pacte scénique liant l'acteur à son personnage inclut aussi la volonté de l'auteur : personne n'oserait contredire un Racine ou un Corneille, tout comme personne ne s'amuserait à plagier un Sartre. [...]
[...] Vous illustrerez votre réponse de références précises aux pièces de théâtre que vous connaissez. Le public se rend au théâtre pour faire face aux mystères et conflits qui nous inquiètent. On peut aussi se souvenir de cette citation du Hamlet de Shakespeare le théâtre est un miroir tendu à la nature : le spectateur, comme l'acteur, vient chercher une réponse, se construire une identité Le théâtre peut donc aussi avoir un effet cathartique, servant d'exutoire aux passions qui ne sont pas autorisées par la société. [...]
[...] Nous allons donc nous interroger sur l'évolution de la perception du théâtre au cours des années, et sur son rôle dans notre société, pour savoir s'il faut être le plus réaliste possible, ou bien laisser libre cours à l'imagination du spectateur. Lorsque Diderot, dans le Paradoxe sur le comédien, parle du théâtre classique comme d'un langage pompeux il nous signifie que, de son point de vue, le théâtre ne doit pas être envisagé comme un discours poétique. L'assemblé assiste à la représentation avant tout pour se divertir, reste à savoir si elle souhaite voir des scènes banales ou bien une tempête de sentiments qui s'enchaînent à un rythme effréné, pour aboutir à une apothéose magistrale ; même si finalement, il n'y a plus de rebondissement, chacun sachant malgré tout ce qu'il adviendra de chaque personnages dès le début de la pièce. [...]
[...] C'est au 17ème siècle qu'il faut trouver cet séparation : les tragédies étaient alors réservés à une élite proche du roi, très cultivé, et terriblement méprisante envers le Tiers-état : il ne fallait donc pas avoir l'impression de vivre quelque chose d' habituel ; le succès d'une pièce à l'époque découlait surtout de l'opinion du monarque. Par ailleurs, les alexandrins rajoutaient un peu de préciosité dans une pièce, mais ce courant artistique a été abandonné par la suite. Nous allons maintenant expliquer pourquoi la contre affirmation de ce qui est justifié ci-dessus pourrait apparaître aux yeux de certain comme un meilleur parti. [...]
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