Lorsqu'un auteur écrit une pièce de théâtre, il se doit de choisir les personnages qu'il veut faire parler tout au long de son oeuvre. Celle-ci prend alors la forme d'un dialogue écrit. Antonin Artaud explique cependant que le théâtre n'est « pas limité à la parole ». Il faut entendre par cela que même la représentation théâtrale ne s'y limite pas. Le lecteur est ici en droit de s'interroger sur les autres éléments qui entreraient en jeu dans un spectacle théâtral (...)
[...] Ainsi, dans l'acte II des Femmes Savantes (1672), le pouvoir que possèdent Philaminte et Bélise serait souligné par les dispositions respectives des personnages. Mais cette liberté que prennent certains metteurs en scène ne les rendrait-elles pas infidèles à l'auteur ? Pour Daniel Mesguich, la mise en scène est une pure recréation, et non plus une adaptation à la scène. Le mot fidélité n'aurait donc plus lieu d'être. Ce n'est en tout cas pas l'avis du metteur en scène Antoine, qui prône la fidélité au texte jusqu'en ses moindres détails La vérité est sans doute au milieux de ces deux extrêmes. [...]
[...] De ce fait, elle est certes indispensable, mais semble largement insuffisante. Le théâtre peut être lu, entendu, mais est le plus souvent vu. Lors d'une représentation théâtrale, le spectateur s'intéresse d'abord à l'aspect extérieur de la scène, aux apparences, aux habillements Il peut alors, avant qu'aucun acteur ne se soit prononcé, avoir une idée, sans doute imprécise, sur la tonalité, ou le registre de la pièce qu'il va observer. D'ailleurs, ce même Antonin Artaud avait en 1938 précisé que c'est le langage par signe [ ] qui frappe immédiatement le mieux Expliquant ce propos, Artaud affirme que la matérialisation de la parole est une nécessité pour toute pièce de théâtre. [...]
[...] A cela s'ajoute le bruit des chars et des engins de guerre. D'autre part, chaque représentation d'une pièce est considérée comme un enrichissement de celle-ci. Ionesco estime à ce sujet que la parole doit exploser, ou se détruire, dans son incapacité de contenir des significations (Notes et contre notes). En fait, chacune des représentations scéniques est une lecture et une interprétation de la pièce. Dans ce cadre, la mise en scène de Marcel Bluwal fait encore couler beaucoup d'encre. En proposant un Dom Juan grave et subversif, le metteur en scène montrait que le personnage était un héros, pas un tombeur titrait le journal français Le Monde en 1985. [...]
[...] Le lecteur est ici en droit de s'interroger sur les autres éléments qui entreraient en jeu dans un spectacle théâtral. Pourquoi la représentation n'est-elle pas limitée à la parole ? Un metteur en scène reste-t-il fidèle au texte d'origine ? Pour répondre à cette question, nous essaierons d'abord d'expliquer les propos d'Antonin Artaud. Ensuite, nous tenterons d'expliquer le rôle de la représentation. Dans une dernière partie, il sera vu en quoi ces représentations peuvent être fidèles ou infidèles au dramaturge. [...]
[...] C'est parce que le théâtre doit être vu que le metteur en scène doit faire preuve de créativité, et intégrer à son spectacle plusieurs autres éléments tels que les sonorités, le décor Mais une fois la pièce écrite, quels rôles peuvent jouer ses différentes représentations ? L'un des objectifs majeurs du metteur en scène est de susciter l'intérêt du spectateur pour une pièce qui date souvent de plusieurs décennies, voire de plusieurs siècles. Il faut donc pouvoir actualiser un texte, tout en évitant les anachronismes. En 2003, Daniel Mesguich a voulu, dans sa représentation de Dom Juan, faire allusion aux catastrophes de la période hitlérienne. [...]
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