Dissertation portant sur "La Chanson de Roland" réalisée en Licence 3 dont le sujet est : « L'esthétique de l'épopée n'est pas celle du drame : le paroxysme ne se trouve pas à la fin, mais au milieu, comme dans cette chanson où la mort de Roland est la flèche mystique d'une cathédrale héroïque. [...] L'accumulation incantatoire, les répétitions qui tassent le récit, apparentent l'art épique à la musique [...] et à l'architecture, selon une disposition du temps et de l'espace déterminée par une intention symbolique. On veut suggérer l'élan militaire ou mystique, provoquer l'admiration ou l'horreur. »
[...] Par exemple, quand Roland essaie de briser Durendal contre un rocher, sentant la mort approcher, l'action est décrie sur trois laisses (les coups, et ensuite les paroles du héros qui rend un dernier hommage à son arme). La mort de Roland est donc ainsi traitée par trois laisses similaires, qui marquent le point culminant, le paroxysme de toute cette progression dramatique. Peu à peu, toute action cesse : Roland se confesse, se souvient et prie. Il n'y a plus ensuite de laisses similaires dans la Chanson de Roland, une telle intensité ne reviendra pas. Philippe LeGentil s'est ainsi demandé si la Chanson aurait dû s'arrêter avec la mort de Roland. [...]
[...] La symbolique touche aussi la lumière, entre clarté et obscurité, et vient s'ajouter à l'effet esthétique. Le spectacle est total. Le cadre est frappé d'une volonté symbolique. Toute description est absente. Le Moyen-Âge est la civilisation du geste, de l'action. Plutôt que des descriptions, l'auteur procède à une stylisation de l'action. Par exemple, quand Charlemagne distribue le gant à Roland au début de la Chanson, il donne une mission à accomplir : par là, est symbolisée la force radieuse (c'est-à-dire qui brille) du pouvoir. [...]
[...] L'épopée qu'est la Chanson de Roland est un récit, mais elle tient aussi du chant. Par le jeu et l'agencement des laisses, le jongleur, et l'écrivain, reprennent comme une litanie ou un refrain le même moment de l'action, déjà intense, le transformant ainsi en objet d'une célébration particulière. Les laisses font l'objet d'un soin particulier : la laisse arrête le regard et place le mouvement du poème entre le mouvement de l'histoire et la progression répétitive du texte. L'usage du présent, de phrases déclaratives et de verbes d'actions participent de cette effet : le résultat est ambivalent, une action tantôt statique, tantôt mobile. [...]
[...] Néanmoins, on ne peut diminuer la signification christique très importante de la mort de Roland. Il est accompagné par une grande cohorte de saints : Chérubin, Saint-Gabriel (messager de Dieu auprès des hommes), Saint-Michel du Péril de la Mer. Roland est un élu : Dieu a envoyé Durendal à Charlemagne pour un cunte cataignie Roland est un martyr et un saint. Ce drame est humain et spirituel, mais est avant tout drame. C'est un drame, une mise en scène, qui possède une grande intensité dramatique. [...]
[...] Cette invitation à l'aventure qu'est la Chanson de Roland propose une lecture-voyage. C'est une épopée, l'action de composer un épos c'est-à-dire un récit, et précisément un poème narratif, ample (à la fois un et complexe), centré sur un ou quelques héros, des hommes qui agissent, en proie au danger et au risque, en laissant une certaine place au merveilleux. En ce sens, la Chanson de Roland est une épopée, d'un genre particulier : la chanson de geste, le premier grand genre littéraire en lange vulgaire. [...]
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