Dissertation sur le sujet : La lecture d'une autobiographie vous paraît-elle devoir être complétée autant que possible par la lecture d'une biographie ? Au début du XXème siècle, la critique littéraire avec notamment Marcel Proust et son oeuvre intitulée Contre Sainte-Beuve, remettait en question l'approche positiviste du XIXème siècle, qui prétendait trouver la clé des oeuvres en accumulant des informations personnelles sur l'écrivain en question. Or, depuis une vingtaine d'années, on assiste, après une période de désaffection, à un nouvel engouement pour les biographies de grandes figures historiques, hommes d'Etat, artistes ou encore scientifiques. Elles sont souvent écrites par des personnalités appartenant au milieu littéraire ou politique. Simple phénomène de mode ou manifestation profonde d'un besoin de revenir sur le passé, un passé en particulier ? Face à cette confrontation ou perspective d'alliance entre biographie et autobiographie, on peut alors se demander quel est l'intérêt de présenter une biographie lorsqu'elle concerne un auteur qui a déjà rédigé son autobiographie. Tout n'aurait-il pas déjà été dit par le principal intéressé ? Quelle motivation, pure ou impure, peut pousser le biographe - et son lecteur - à réouvrir des dossiers, voire une enquête, pour réécrire et lire l'histoire d'une vie déjà connue ? Que peut-on attendre de cette confrontation, de ce regard croisé entre autobiographie et biographie et quel crédit lui accorder ?
[...] Que pouvons-nous attendre de cette confrontation, de ce regard croisé entre autobiographie et biographie et quel crédit lui accorder ? Afin de répondre à ces interrogations, nous verrons tout d'abord quelles sont les difficultés, les limites et failles de l'autobiographie, puis nous aborderons dans un second temps, les vertus et la nécessité de réécrire une biographie sur un auteur ayant déjà réalisé sa propre autobiographie. Enfin, nous tenterons de dire en quoi l'alliance autobiographie/biographie peut-elle former un tandem idéal pour cerner totalement et complètement un auteur et plus largement un Homme. [...]
[...] C'est donc un autre Montaigne, complémentaire du premier, que nous pourrons découvrir dans des biographies le concernant. Comme nous venons de le démontrer, l'entreprise biographique peut apporter plus d'éléments et d'objectivité au sujet de la vie d'un homme célèbre car contrairement à l'autobiographie, elle reste plus neutre et n'a pour seul objectif que celui de dire le plus et cela en toute authenticité. Néanmoins, ces deux types de travaux se complètent parfaitement et offrent ensemble une perspective infaillible pour connaître entièrement une personnalité. [...]
[...] Au-delà des réserves déjà notées sur la véracité des Confessions, c'est le style de Rousseau qui nous fait toucher sa vérité profonde ; mon style inégal et naturel, tantôt rapide et tantôt diffus, tantôt sage et tantôt fou, tantôt grave et tantôt fou fera lui-même partie de mon histoire prévient Rousseau dans son projet de Préambule de ses Confessions. En fait, qui lit une autobiographie comme un roman, acceptera qu'il y reste des espaces ouverts à l'imagination, des zones d'incertitude et d'ombre. Mais le biographe met tout en lumière et nous ménage parfois des rendez- vous décevants avec l'autobiographe, un peu comme l'adaptation cinématographique d'un roman que l'on a peu apprécié. [...]
[...] Il faut aussi compter sur les faiblesses de la mémoire, erreurs d'interprétation (même de bonne foi), les éléments d'information qui ont pu échapper aux auteurs et donc les empêcher de porter des jugements pertinents ; c'est pourquoi nous allons maintenant nous intéresser aux vertus de la biographie. Le regard objectif, extérieur du biographe semble donc nécessaire pour rectifier les approximations, les erreurs volontaires ou involontaires de l'autobiographie. Dans de but, le biographe mènera une enquête la plus rigoureuse possible, appuyée sur une documentation croisant les informations les plus variées comme par exempte, les témoignages de contemporains, archives administratives ou privées ou encore les correspondances. [...]
[...] Placé à une distance affective - et temporelle - suffisante de son personnage, le biographe, beaucoup plus détaché, est à même d'en éclairer la vie, et éventuellement l'œuvre, en discernant les influences qu'il a subies ou projetées, en mettant en perspective les différents moments de sa vie. L'autobiographe quant à lui, fera revivre son personnage dans une époque, dans son milieu, ce qui donnera à son étude plus de relief, de profondeur de champ. Mais on pourrait alors se demander à quoi bon raconter la vie de Montaigne puisque dans les Essais, son projet est de parler de lui-même en toute simplicité ? [...]
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