Nous nous appuierons sur le recueil des Fleurs du Mal pour répondre à cette question, afin de comprendre les raisons qui ont poussé Baudelaire à formuler cette exclamation. Nous allons tout d'abord brièvement exposer la thématique des Fleurs du Mal pour arriver enfin au poème Le Voyage, qui enrichi par la lecture d'autres poèmes, pourra nous éclairer sur notre interrogation ...
[...] Le poème envisage tout d'abord plusieurs types de voyages propres à apporter au poète l'évasion que le tirerait loin de l'ennui qui le ronge. Il présente les voyageurs qui, enfants déjà, rêvent de voyage. Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, L'univers est égal à son vaste appétit ²' On fuit alors une patrie infâme l'horreur [des] berceaux et même les yeux d'une femme ²'. Cependant d'après Baudelaire ( ) les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent Pour partir ; ²' Toutefois, très vite son long poème se transforme en un fleuve d'impressions à la fois fortes mais rapidement décevantes. [...]
[...] Je vois se dérouler des rivages heureux Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone ; Le poète fait appel à des arbres singuliers et des fruits savoureux tout comme aux charmants climats qui transforment ces terres lointaines en une île paradisiaque. Baudelaire exprime également son désir de partir à la découverte de pays qui lui sont encore inconnus. J'irai là-bas où ( ) les vaisseaux ( ) ouvrent leurs vastes bras pour embrasse la gloire D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur. [...]
[...] Avant de traiter la problématique même, il nous semble intéressant de revenir quelque peu sur le contenu des Fleurs du Mal. Paru en 1857, cet ouvrage est divisé en plusieurs sections intitulées : Spleen et Idéal, Tableaux parisiens, Le vin, Fleurs du Mal, Révolte, La mort. Il propose un cheminement pour l'esprit à travers une éternelle quête de l'idéal, alors que le poète est victime de l'ennui et de la souffrance du quotidien. Cet idéal, il ne peut l'atteindre qu'au moyen de l'amour, du vin, de l'opium avec, comme ultime délivrance, la mort. [...]
[...] C'est alors qu'il va faire appel à l'évasion à travers ses mots et ses poèmes. La poésie représente le vrai voyage pour Baudelaire. C'est véritablement elle qui permet à notre poète de ressentir des émotions fortes. Il transforme les sentiments d'évasion en mots. Ces dernières ont l'avantage de ne pas être décevants, contrairement aux connaissances acquises en voyage. Mais malheureusement, la poésie n'est pas assez forte pour élever Baudelaire définitivement vers l'idéal. La dernière sortie de secours sera celle de la mort . [...]
[...] Baudelaire affirme clairement que le voyage n'apporte que des connaissances chargées d'amertume. La rencontre avec des populations exotiques n'est qu'un divertissement passager. Car en fin de compte, on n'y découvre que l'image de soi-même. Le monde, monotone et petit, aujourd'hui, Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image ( ) L'idéal reste utopique, l'ennui et la souffrance du quotidien sont encore présents dans l'âme du poète. Le voyage n'apporte que déception comme nous l'avons évoqué. De même que les femmes et les hommes qu'on fréquente à l'étranger, Des hommes dont le corps est mince et vigoureux, Et des femmes dont l'œil par sa franchise étonne se révèlent, lorsqu'on les croise à Paris, tout aussi marqués par le Spleen et le quotidien. [...]
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