Dissertation sur Le Barbier de Séville de Beaumarchais dont le sujet est : Commentez et discutez : « A mon égard au moins, n'espérez pas asservir dans ses [ceux de la littérature] jeux mon esprit à la règle ; il est incorrigible, et, la classe du devoir une fois fermée, il devient si léger et badin que je ne puis que jouer avec lui. » (Beaumarchais, « Lettre modérée » )
[...] C'est alors seulement que Le Barbier de Séville est un triomphe. Dans la Lettre modérée qui sert de préface à la comédie, Beaumarchais explique le caractère léger et badin de la pièce, qu'il qualifie lui-même de comédie fort gaie La littérature apparaît limitée à la comédie et synonyme d'une récréation d'un délassement qui s'oppose à la rigueur des règles. Cependant, on peut se demander si le dramaturge s'amuse seulement car, s'il n'a rien de subversif, pourquoi a-t-il eut tant de mal à faire jouer sa pièce ? [...]
[...] On peut alors voir l'impertinence de Figaro comme une allusion directe à son ennemi : [ ] persuadé qu'un Grand nous fait assez de bien quand il ne nous fait pas de mal. (p.57) Beaumarchais dit tout simplement que ce personnage de valet fripon le représente lui directement. Et il en profite pour se défendre de la façon la plus efficace : en attaquant. Or on devine les noms de Grands au travers de ceux de tous les personnages. Une fois compris ce parallèle, certaines répliques de Figaro ne peuvent plus passer pour de simples piques du personnages. [...]
[...] Même si Beaumarchais utilise l'ellipse pour rendre ses propos acceptables, le personnage de Figaro dépasse ici le stéréotype du valet de comédie. Jamais un type de personnage ne remet en cause sa place dans la société. On peut même aller plus loin en affirmant que pour les valets les maîtres ne sont pas des hommes et vice et versa. Or l'appartenance de chaque catégorie de personnages à un univers cloisonné, dans lequel il ne peut évoluer ni vers le haut ni vers le bas, est ici remise en question. [...]
[...] C'est dans l'anamnèse de Figaro que Beaumarchais fait transparaître des éléments qui se rapportent à l'époque contemporaine de la pièce, et même à sa propre biographie. Comme Beaumarchais, le valet a fait tous les métiers et surtout s'est illustré en tant que dramaturge en écrivant un opéra-comique. Ceci rappelle fortement la première version de la pièce. Figaro évoque successivement la cabale et les sifflements provoqués par son œuvre. On devine alors un enjeu personnel et une attaque de Beaumarchais par la bouche de son barbier. Il parle de la République des Lettres comme de celle des loups (p.58). [...]
[...] Or l'auteur du Barbier s'est aussi illustré en tant qu'écrivain de ce mouvement. Enfin, l'air de la calomnie à la scène 8 de l'Acte II achève de contredire le caractère uniquement léger de cette pièce. Le texte peut paraître décalé par rapport au ton badin de la comédie évoqué dans la préface ; et ceci même si le personnage de Bazile tente de justifier sa tirade : Comment, quel rapport ? Ce qu'on fait partout pour écarter son ennemi, il faut le faire ici pour empêcher le vôtre d'approcher. [...]
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