Robespierre discoure avec beaucoup d'éloquence et de force oratoire. Cet art consommé de la rhétorique permet de mettre puissamment en garde la députation contre les menaces multiples que ferait peser un vote non-abolitionniste (...)
[...] Toutefois, dans son discours enflammé du 13 mai 1791, un député intrépide et pugnace du nom de Maximilien Robespierre défend ardemment son abolition à la constituante. Quelles formes revêt son apostrophe ? Nous verrons qu'il s'agit d'un discours éloquent et direct qui véhicule également une mise en garde menaçante à l'encontre de la députation et par extension, de tous les hommes. I Un discours éloquent : à qui : - Robespierre s'adresse directement aux députés qu'il invective. Le je (l4-8-10-20-22) qui témoigne de son engagement personnel renvoie au vous vos vôtre (l1/3-11-12) qui se réfèrent aux membres de l'assemblée, représentants de la nation française. [...]
[...] Rien que de prononcer le mot esclaves représente une sentence honteuse. - l'assemblée est clairement en danger, elle risque le déshonneur donc d'être déshonorée et d'être déshonorante (l6). - la taille de l'attaque est amplifiée par l'expression non content de reprise par encore : ce qu'on exige d'elle est anormalement grave. - le fait de constitutionnaliser l'esclavagisme par des décrets terme repris par décrété (l16) et décréter au même titre que le droit des hommes dans la Déclaration de 1789 ferait s'écrouler la constitution. [...]
[...] Robespierre, dans cette séance, a développé l'âme des Français. Combien il était grand, au milieu de ces préjugistes et de ces vendeurs d'hommes qui ont parlé avant et après lui ! Le 16 pluviôse an II février 1794), l'esclavage était aboli pour la première fois dans le monde. Cette mesure pionnière a été prise dans un contexte idéologique instable: une France révolutionnaire, une colonie insurrectionnelle et un mouvement populaire très influent sous l'autorité de Maximilien Robespierre. Pourtant, son rôle exact a engendré des polémiques : pour les uns, porteur de l'abolition le 13/05/1791; il s'est montré résolument hostile à l'émancipation des noirs le 17/11/1793 lorsqu'il s'est vivement opposé aux abolitionnistes qui souhaitaient affranchir et armer tous les nègres pour perdre nos colonies Quoiqu'il en soit, la force de sa dénonciation dans cet extrait fait écho au fameux réquisitoire contre l'esclavage des nègres de Montesquieu dans de l'Esprit des Lois (1748). [...]
[...] Pire, un député non-abolitionniste renverserait la liberté de ses propres mains (l18). La responsabilité devient celle d'un crime librement consenti et délibérément commis. vous alléguez (l14) sous-entend que les députés mettent sans cesse en avant leur rôle essentiel dans la défense de la liberté alors qu'il ne s'agit que d'un prétexte pour défendre leur position. - l'hyperbole suprême pour qualifier la nécessité que les députés demeurent libres (l17) renvoie à un intérêt qui doit l'emporter sur tout. Non seulement les députés qui voteraient un maintien de la pratique esclavagiste ne défendraient plus la liberté voire y porteraient atteinte mais eux-mêmes y perdraient la leur car leur décision ne leur serait dictée que par les planteurs dont l'enjeu économique est supposé l'emporter sur la morale politique. [...]
[...] Robespierre souhaite qu'ils se sentent concernés par son propos, qu'ils prennent parti. L'allitération en v frappe l'oreille et oblige à l'attention. pour qui : - le discours est fait en faveur des esclaves noirs qu'il qualifie d' »hommes de couleur et non de nègres comme c'était l'usage à l'époque. - il est prononcé aussi au nom de l'assemblée dont il fait partie et dont il veut assurer la défense. contre qui : - les contradicteurs de Robespierre vaguement qualifiés au début : adversaires des hommes de couleur et quelque ennemi secret sont explicitement nommés ensuite colons (l21) et députés des colonies (l25/26). [...]
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