La grande illusion des philosophes des lumières fut de croire devoir étendre, au nom d'une supériorité culturelle, leurs connaissances en colonisant les peuples considérés comme "barbares". Diderot, penseur du dix-huitième siècle, semble se détacher de ces prétentions et aller même jusqu'à les critiquer. Ainsi, dans Le Supplément au voyage de Bougainville, dialogue philosophique paru en 1773, Diderot, en mettant en scène des sauvages meilleurs que nous, paraît faire un réquisitoire contre la colonisation (...)
[...] Ainsi, dans le Supplément au voyage de Bougainville, dialogue philosophique paru en 1773, Diderot, en mettant en scène des sauvages meilleurs que nous, paraît faire un réquisitoire contre la colonisation. En effet, tant par l'utilisation de l'altérité que par les idées qu'il exprime, l'auteur semble remettre en cause l'hégémonie occidentale. Ainsi, tout au long du Supplément, en mettant en scène des hommes ayant une culture autre que la nôtre, Diderot relativise la prédominance de notre civilisation. En effet, en utilisant l'altérité, Diderot pousse le lecteur à prendre du recul par rapport à sa culture, à ne plus juger un être en fonction de sa civilisation. [...]
[...] Enfin, Diderot montre que la morale des Tahitiens est meilleure que la nôtre, puisqu'elle est conforme à la nature et à la vie alors que nous sommes perpétuellement tiraillés entre l'ordre civil, religieux et naturel. Nous sommes donc plus barbares que ce peuple et n'avons aucun droit sur lui. Ainsi, le Supplément au voyage de Bougainville, tant du point de vue de la forme que des idées, est un réquisitoire contre la colonisation. Nous pouvons donc dire que Diderot est un précurseur, de par ses idées tolérantes, puisque la décolonisation ne débutera que dans les années 1950. [...]
[...] Le sauvage ne reflète donc que la vérité, il n'a nul besoin que de soi-disant sages viennent lui enseigner des préceptes singulier et contraires à la nature. Enfin, pour Diderot, le digne d'une bonne société est l'abondance et la prospérité. Or, les tahitiens ont quantité d'enfants et nourrissent sans difficulté leur population. Nous-mêmes n'avons pas le même respect de la vie, et peut-être ne devrions nous pas tant essayer de dominer les populations barbares qu'apprendre de leurs modes de vie. [...]
[...] Avant tout, Diderot fait dans cette œuvre une leçon de tolérance. Il relativise les cultures en montrant que les sauvages n'ont rien à nous envier. Ainsi, il remet en cause la certitude que nous avons de notre propre supériorité, toutes nos connaissances sont réduites à d'inutiles lumières Nous n'avons donc aucun droit fondé sur les peuples colonisés : Diderot prône la tolérance et le respect de l'autre. Le sauvage respecte d'ailleurs son image en l'européen et lui fait très bon accueil. [...]
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