Commentaire composé (ou littéraire) du texte intitulé "Lettre sur les Aveugles" écrit par Diderot. Document de 4 pages au format Word.
[...] Lettres sur les Aveugles à l'usage de ceux qui voient (1749) l. Le passage de la sensation au jugement Avant diderot, la psychologie des aveugles intéresse les philosophes (Locke, Berkeley, Voltaire, Condillac et Buffon notamment) dans la mesure où elle constitue un moyen d'étudier le passage de la sensation au jugement chez un aveugle qui recouvrerait la vue. Locke pose le problème dès son Essai sur l'entendement humain (1690) : Supposez un aveugle de naissance qui soit présentement homme fait, auquel on ait appris à distinguer par l'attouchement un cube et un globe de même métal et à peu près de la même grosseur en sorte que lorsqu'il touche l'un et l'autre il puisse dire quel est le cube et quel est le globe. [...]
[...] C'est ainsi que le constat qui ouvre le raisonnement (I. 20-22) n'est pas exempt sous des apparences logiques, de mauvaise foi puisqu'en qualifiant d'inhumaine la morale des aveugles, l'auteur la mesure par rapport à la nôtre alors qu'il sait qu'elle ne peut lui être comparée puisqu'elles sont différentes par nature . Ce sophisme s'apparente en effet à l'usage partial que de grands esprits ecclésiastiques, ayant préféré abdiquer le savoir en faveur du pouvoir, ont pu faire de leur raison. Ce sont ces héritiers d'une scolastique artificieuse qui sont dénoncés finalement comme les ennemis les plus cruels de la vérité et 61). [...]
[...] Notre métaphysique ne s'accorde pas mieux avec la leur. Combien de principes pour eux qui ne sont que des absurdités pour nous, et réciproquement ! Je pourrais entrer là-dessus dans un détail qui vous amuserait sans doute, mais que de certaines gens, qui voient du crime à tout, ne manqueraient pas d'accuser 40 d'irréligion ; comme s'il dépendait de moi de faire apercevoir aux aveugles les choses autrement qu'ils ne les aperçoivent. Je me contenterai d'observer une chose dont je crois qu'il faut que tout le monde convienne : c'est que ce grand raisonnement, qu'on tire des merveilles de la nature, est bien faible pour des aveugles3. [...]
[...] Cette théorie est donc en opposition profonde avec la doctrine officielle de la séparation de l'âme et du corps. En outre, mettre sur le même plan la morale et la métaphysique permet d'utiliser les résultats obtenus à l'issue d'une étude expérimentale de la morale, pour critiquer un problème métaphysique la preuve de l'existence de Dieu par sa toute-puissance à créer la beauté où il n'y a pas d'expérience possible, par définition. Au fil du texte l'argumentation de Diderot est soutenue par des références au monde extérieur. [...]
[...] je les soupçonne . mais cette fois au service d'une leçon inattendue : l'émotivité des aveugles : afférente de la nôtre. À partir de ce constat l'auteur peut mettre en rapport les degrés de émotivité avec les variations de notre perception. C'est ce rapprochement qui autorise un long développement sur la relativité de nos idées morales, étayé de deux comparaisons naturalistes. Ce point du raisonnement est à la fois crucial et fragile, ainsi que la ponctuation interrogative et exclamative le souligne. [...]
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