Le libertinage dans "Jacques le Fataliste" de Diderot

Résumé du document

- Bien des couples peuplent les aventures contées dans le roman. Mais peu seulement échappent à la loi de l'infidélité. A en croire Diderot, c'est même la fidélité en amour qui devient l'exception.

ex : le marquis des Arcis est un libertin converti in extremis à la fidélité et au grand amour
Jacques lui-même encourt le risque d'être "cocu, s'il est écrit là-haut qu'[il] le ser[a]".
Tout se trouve résumé dans la fable "La Gaine et le Coutelet" : la loi naturelle impose l'infidélité.

- Un autre aspect du libertinage de Diderot est son anticléricalisme (...)

Extraits

[...] Le libertinage dans Jacques le Fataliste, de Diderot Introduction Le libertinage aux 17e et 18e siècle est une liberté prise avec la morale et les règles imposées par les dogmes de l'église. Infidélité, grivoiseries, critique de la religion et refus affiché de la morale, les principaux thèmes du libertinage sont ici particulièrement présents. I-Eloge de l'infidélité Bien des couples peuplent les aventures contées dans le roman. Mais peu seulement échappent à la loi de l'infidélité. A en croire Diderot, c'est même la fidélité en amour qui devient l'exception. [...]

[...] Dans la logique de la philosophie épicurienne qui l'inspire, Diderot démythifie les relations sexuelles, considérées comme naturelles. De nombreuses scènes se déroulent dans l'intimité d'une chambre à coucher : le corps et ses désirs trouvent une place toute particulière. Ex : les démangeaisons à l'oreille de la paysanne dans son lit, synonymes du désir qui va croissant, deviennent à elles seules le symbole de l'acte sexuel . aux contes licencieux Le plaisir est encore plus évident dans les récits enchâssés concernant la jeunesse des personnages. [...]

[...] Jacques évoque clairement la double perte de son pucelage dans l'histoire de dame Suzon et dame Marguerite : Le fait est que je me trouvai sous elle et par conséquent elle sur moi ( C'est d'une paillardise qui n'a rien à envier aux contes licencieux les plus célèbres Une provocation assumée Comment un homme de sens, qui a des mœurs, qui se pique de philosophie, peut-il s'amuser à débiter des contes de cette obscénité ? Pour Diderot, c'est l'occasion de renvoyer les censeurs hypocrites à leurs propres actions. Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère écrira Baudelaire. Cela permet à Diderot non seulement de revendiquer sa liberté d'écriture et de pensée ms plus encore de démystifier une morale qu'il juge antinaturelle : Que vous a fait l'action génitale si naturelle, si nécessaire et si juste ? Vilains hypocrites : laissez-moi en repos. [...]

[...] III-L'immoralisme de Diderot Le libertinage se situe également dans le refus affiché des conventions morales. Ex : Jacques lui-même ignore la différence entre le vice et la vertu, du moins en théorie. Je ne sais si je la violai, mais je sais bien que je ne lui fis pas de mal On a un refus de Jacques de régler les relations charnelles à l'aune de la morale sociale, c'est un élément de plus à verser au dossier du libertinage qui caractérise le roman. [...]