Le libertinage vient du latin "libertinus", c'est-à-dire "l'affranchi", ce n'est donc pas l'homme libre, mais celui qui est libéré. Cependant, le mot "libertinage" a plusieurs définitions qui peuvent plus ou moins s'appliquer au roman Jacques le fataliste et son maître : le sens du mot a évolué selon les siècles, ainsi nous nous intéresserons au libertinage des 17ème et 18ème siècles.
Il est certain que le libertinage occupe une place importante dans le roman, nous étudierons donc quelles sont les composantes du libertinage dans le roman et si ce libertinage est davantage caractéristique du 17ème siècle ou du 18ème siècle. Nous verrons d'abord que le libertinage occupe une place importante dans les moeurs du roman mais aussi dans la réflexion qui est livrée (...)
[...] Toutefois, le libertinage dans le roman ne se limite pas au libertinage des mœurs ou sexuels, ainsi, peut-on parler de libertinage philosophique, intellectuel. Au 17ème siècle, en réaction à une restauration des hiérarchies, de certaines valeurs, une famille d'esprits libres se met en place, ceux-ci ne sont pas d'accord avec leurs siècles, et placent très haut l'indépendance de la pensée, on les appellera les libertins. Ce mouvement défend donc la libre pensée religieuse, morale, politique et sociale, et il annonce en quelque sorte le mouvement des Lumières. [...]
[...] Cependant il serait réducteur de n'aborder que les aspects du libertinage du 18ème siècle, car le libertinage du 17ème siècle est lui aussi important. Diderot s'exprime, semble-t-il librement, et Jacques semble être une sorte d'électron libre indépendant des morales, valeurs religieuses, comme l'étaient ces libertins du 17ème siècle. [...]
[...] Diderot, avec donc une certaine liberté de ton, lie le déisme de Jacques à un fort anticléricalisme. Dans le roman, les prêtres réunissent à eux seuls tous les vices, notamment ceux qui vont à l'encontre des vœux qu'ils font : le vœu de chasteté est négligé par exemple le père Hudson, de même que le vœu de pauvreté : ils sont carriéristes, dépravés, le confesseur des d'Aisnon travaille dans l'intérêt du marquis, les moines complotent contre le père Ange. De cette façon, Diderot rejette une morale religieuse, ses enseignements, car ceux-ci sont arbitraires et relèvent de l'hétéronomie. [...]
[...] Cependant, le libertinage au 18ème siècle renvoie à des sens aussi divers que partie de plaisir, sensualité, principes de dévergondage, d'inconstance. Le libertin devient donc un hédoniste dépravé qui se livre sans retenue aux plaisirs sensuels de la vie. Or, la sensualité est omniprésente dans le roman. Jacques raconte ses aventures sexuelles avec Suzanne, Marguerite, Justine l'amante de son ami Bigre et en sous-entend d'autres. Le marquis des Arcis fait enrager Mme de La Pommeraye à cause de ses multiples aventures. [...]
[...] Jacques s'est donc livré à une sorte d'expérience pour montrer à son maître qu'il est un subtil raisonneur De plus, cette expérience permet de montrer que Jacques s'avère être le maître du maître, et la liberté de ton qu'il emploie, son attitude désinvolte - il éclate de rire face à son maître enragé - en font un libertin philosophe, scientifique ne craignant ni l'autorité de l'Eglise -étant donné ses idées sur Dieu - ni l'autorité de son maître. Le libertinage occupe une place prédominante dans le roman. D'une part, la nouvelle de Mme de la Pommeraye s'apparente au genre du roman libertin, de plus, les mœurs des personnages du roman semblent être celles du libertinage du 18ème siècle, un libertinage qui laisse une part importante à la sensualité, à l'érotisme, à une certaine liberté sexuelle. [...]
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