On oppose d'ordinaire le récit (représentation d'actions et d'évènements) et la description (représentation d'objets et de personnages) : par le jeu des temps (passé simple/imparfait), l'accent est mis dans le premier cas sur l'aspect dramatique du procès en cours, et dans le second sur son aspect spectaculaire.
La description romanesque apparaît comme une pause plus ou moins longue. Elle permet la mise en place du système des personnages et de la configuration de l'espace. Selon G. Genette, elle se définit comme l'« ancilla harrationis », « l'esclave toujours nécessaire, mais toujours soumise, jamais émancipée du récit ».
[...] Avant d'examiner l'organisation de la description, il convient d'observer si elle est objective ou subjective (perspective : prise en charge par le narrateur ou le personnage). La description se définit, selon Ph. Hamon, comme la mise en équivalence d'une dénomination avec une expansion. Le système descriptif fait appel aux deux notions complémentaires de hiérarchie et d'équivalence : hiérarchie entre terme intégrant et terme intégré (maison / fenêtre), équivalence entre un terme synthétique ou pantonyme et une série de termes qui peuvent permuter (effet de liste de la description). [...]
[...] Très souvent il est donné d'abord EX : L'énanglon de Michaux L'Espace du dedans est nommé avant d'être décrit, mais le nom demeure un blanc sémantique c'est un animal sans formes puisqu'on échoue à se le représenter. Il peut aussi, à la manière d'une devinette, être donné ensuite EX : la pieuvre dans Les travailleurs de la mer, combat avec Gilliat. L'expansion peut prendre la forme d'une simple nomenclature ou d'un exemple de prédicats (qualités d'un objet). Il y a divers moyens de dissimuler l'aspect toxicomanique de la description (d'abord . ensuite . [...]
[...] EX : Au début de L'Assomoir, Gervaise observe la rue de sa fenêtre de l'hôtel Boncoeur parce que Lantier n'est pas rentré dans la nuit. La fenêtre est d'ailleurs un motif privilégié de ce type de naturalisation (ou personnage passant devant un miroir). Le regard peut aussi organiser la description. Dans le second cas, le personnage parle le spectacle : là encore, une mise en scène est nécessaire pour motiver la prise de parole. EX : La description de la cathédrale de Rouen par le suisse dans Madame Bovary (p. [...]
[...] Pour lui, la plus grande différence entre les deux réside dans l'ordre de la restitution des évènements et des objets : la narration restitue dans la succession temporelle de son discours et la succession temporelle des évènements, tandis que la description doit moduler dans le successif la représentation d'objets simultanés et juxtaposés dans l'espace (restitution d'un espace dans l'ordre linéaire du langage). Mais rien n'interdit, en poésie, une lecture tabulaire qui ferait du texte l'analogon du tableau. Empiriquement, la description se distingue du récit. Encore faut-il la naturaliser par un certain nombre d'opérations. Ph. Hamon, dans son Introduction à l'analyse du descriptif distingue le regard descripteur (type voir), le bavard descripteur (type parler), et le travailleur descripteur (type faire). [...]
[...] La description est en effet le lieu d'un triple danger : 1. Elle risque d'introduire dans le texte des vocabulaires étrangers, et notamment le lexique spécialisé des métiers ( Cf Boileau : Il compte des plafonds les ronds et les ovales / Ce ne sont que festons, ce ne sont qu'astragale / Je saute vingt feuillets pour en trouver la fin mais aussi Brunetière qui, dans le roman Le roman naturaliste, regrette que se soit diversée dans le roman ( de Zola ) l'exacte terminologie des ateliers, le solécisme commercial, le barbarisme industriel Difficulté de lecture, mais aussi infraction à la bienséance Fondée sur la parataxe, sur le catalogue, elle est indéfiniment extensible ( etc. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture