La dernière bande de Beckett met en scène un vieil homme avachi qui vit seul dans sa turne. La temporalité n'est pas précise on sait seulement que l'action a lieu un soir tard. La description de Krapp donne d'emblée une idée de la solitude du personnage "Pantalon étroit, trop court, d'un noir pisseux. Gilet sans manches d'un noir pisseux, quatre vastes poches. Lourde montre d'argent avec chaîne. Chemise blanche crasseuse, déboutonnée au cou, sans col. Surprenante paire de bottines, d'un blanc sale, du 48 au moins, très étroites et pointues. Visage blanc, nez violacé. Cheveux gris en désordre. Mal rasé. Très myope (mais sans lunettes). Dur d'oreille. Voix fêlée très particulière. Démarche laborieuse." (...)
[...] (Pause.) Dernières chimères. (Avec véhémence.) A refouler ! (Pause.) Me suis crevé les yeux à lire Effie encore, une page par jour, avec des larmes encore. Effie (Pause.) Aurais pu être heureux avec elle là-haut sur la Baltique, et les pins, et les dunes. Ce prénom Effie, fait songer au personnage d'Eveline dans une des nouvelles de Gens de Dublin, de Joyce, en effet, la protagoniste refuse de tout abandonner pour suivre son amoureux Franck. Chez Joyce on retrouve une véritable fascination pour les mots, deux cas de figure se présentent, d'une part l'individu qui s'approprie une parole, et s'écarte de la société comme communauté linguistique. [...]
[...] Littérature Francophone Samuel Beckett, La dernière bande Plan I. Les didascalies ou le langage silencieux : Le bavardage du corps. II. Monologue ou dialogue, entre journal intime et réveil du langage et des souvenirs, un personnage et des mots qui tournent sur eux- mêmes. III. La recherche du sens et de la cohérence ou parler pour ne rien dire; vers la nudité du langage. I La dernière bande de Beckett met en scène un vieil homme avachi qui vit seul dans sa turne. [...]
[...] Krapp demeure immobile, regardant dans le vide devant lui. La bande continue à se dérouler en silence. Beckett dans cette pièce place devant les yeux du spectateur, un être en proie à la nudité du langage, car comment dire les choses quand on a personne avec qui les partagé, ce monologue n'est pas introspectif, nous n'accédons pas à la conscience du personnage, mais seulement à un niveau très superficiel de la langue qui s'arrête à la simple énumération de faits particuliers qui se sont passé il y a quelques années en arrière et dont la personnage se contente de se souvenir, dans une attitude passive. [...]
[...] Cheveux gris en désordre. Mal rasé. Très myope (mais sans lunettes). Dur d'oreille. Voix fêlée très particulière. Démarche laborieuse. Krapp ne parle plus depuis un moment du fait de sa solitude, sa physionomie laisse transparaître une coupure radicale avec la civilisation, le personnage est replié sur lui-même. Sur la table se trouve un magnétophone avec un microphone et de nombreuses boîtes de carton contenant des bobines de bandes impressionnées, qui deviennent les éléments de l'action, se sont ces éléments qui vont marquer une rupture radicale dans la vie du personnage ainsi que dans la trame scénique, se sont les bandes sons, qui sont en réalité les éléments centraux de la pièce de Beckett. [...]
[...] ; Bobine Ce registre est un relevé numéraire du nombre de bobines que possède la boîte qu'il est en train d'examiner mais on y trouve des bribes de pahrases, qui sont très dispar ates : Krapp : Ah ! (Il se penche sur le registre, lit l'inscription en bas de page.) Maman en paix enfin Hm La balle noire (Il lève la tête, regarde dans le vide devant lui. Intrigué.) Balle noire ? . (Il se penche de nouveau sur le registre, lit.) La boniche brune (Il lève la tête, rêvasse, se penche de nouveau sur le registre, lit.) Légère amélioration de l'état intestinal Hm Mémorable quoi ? (Il regarde de plus près, lit.) Equinoxe, mémorable équinoxe. [...]
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